Les détracteurs d'une entente de libre-échange entre le Canada et la Colombie invoquent les droits humains pour appuyer leurs thèses, mais ils sont en fait des partisans du protectionnisme, a accusé Stephen Harper, mercredi.

Les deux pays ont signé, en 2008, un accord qui entrera en vigueur dès lundi prochain.

«Nous ne pouvons bloquer la progression d'un pays comme celui-ci pour des raisons qui relèvent du protectionnisme, et utiliser les droits humains comme couverture pour le faire», a affirmé le premier ministre du Canada, entre les murs du palais présidentiel colombien.

Le Nouveau Parti démocratique s'est opposé à la signature de ce traité par Ottawa et a tenté, sans succès, de faire dérailler le processus.

Les inquiétudes de parlementaires et de syndicalistes aux États-Unis ont retardé la conclusion d'un contrat semblable entre Washington et Bogota. L'administration Obama compte s'attirer les appuis nécessaires peu après la rentrée parlementaire, en septembre.

Des syndicats américains plaident que la Colombie est l'un des pays les plus dangereux sur la planète pour ceux qui militent en faveur des droits des travailleurs. Plusieurs syndicalistes et journalistes ont été assassinés au cours des dernières années, et le gouvernement entretiendrait des liens avec certains milices paramilitaires.

Mais Stephen Harper a plaidé que le pays avait fait beaucoup de progrès et que son passé ne devrait pas nuire au développement de ses relations commerciales.

«Je crois qu'il y a, dans notre pays et aux États-Unis, des groupes qui sont en faveur du protectionnisme et qui ne se préoccupent pas beaucoup du développement et de la prospérité de cette région du monde», a-t-il affirmé. Et c'est malheureux.»

Par ailleurs, le premier ministre a estimé mercredi que même si les entreprises canadiennes font toujours face à des dangers importants en Colombie, le gouvernement de ce pays a fait de grands pas pour améliorer la sécurité.

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), plus important groupe de guérilla marxiste, sont responsables de nombreuses attaques contre l'industrie pétrolière, incluant un récent attentat contre une entreprise canadienne.

Les attaques ont lancé un débat à savoir qui devrait être responsable de la sécurité: le gouvernement ou les pétrolières.

Dimanche dernier, les FARC ont été blâmées pour avoir fait exploser de l'équipement de forage appartenant à la firme canadienne Alange Énergie et avoir fait brûler 1000 barils de pétrole brut dans un champ, près de la frontière vénézuélienne.

Le chef d'une association d'entreprises pétrolières multinationales qui font des affaires en Colombie a déclaré à une station de radio locale mercredi qu'il revient au gouvernement de protéger les travailleurs et les infrastructures.

Mais le ministre de la Défense de la Colombie affirme qu'il est impossible pour l'armée de surveiller toutes les installations pétrolières, et que les entreprises doivent engager leurs propres forces de sécurité.

Par ailleurs, le premier ministre Harper a communiqué par téléphone mercredi avec le premier ministre britannique, David Cameron, au sujet de la situation en Libye. Le Canada comme la Grande-Bretagne a déployé des navires et des avions dans la région, avec la mission de protéger les rebelles qui cherchent à évincer le dictateur Mouammar Kadhafi.