Les Américains peuvent savoir exactement dans quel état se trouve le colon de Barack Obama grâce à la Maison-Blanche, qui publie systématiquement les résultats des tests médicaux auxquels se soumet le président. Mais pour l'heure, il est impossible, pour les Canadiens, d'obtenir des détails sur le type de cancer qui a contraint Jack Layton à céder temporairement sa place à titre de chef du Nouveau Parti démocratique (NPD).

L'annonce de M. Layton, qui a déclaré lundi qu'il était atteint d'un deuxième cancer - visiblement plus sérieux que le cancer de la prostate dont il souffre déjà - soulève des questions quant au droit du public canadien d'être informé de l'état de santé de ses leaders politiques.

Le cercle rapproché de Jack Layton maintient que rien n'oblige la formation politique à dévoiler les détails des dossiers médicaux de son dirigeant. Historiquement, au Canada, il en a toujours été ainsi.

Le NPD fait valoir que M. Layton a toujours fait preuve de transparence en ce qui a trait à son état de santé et qu'il a fourni aux Canadiens toute l'information nécessaire.

Après avoir annoncé qu'il souffrait du cancer de la prostate, en février 2010, Jack Layton a refusé de préciser à quels traitements il se soumettait. Selon le secrétaire principal du chef, Brad Lavigne, M. Layton a volontairement choisi de se taire à ce sujet, en partie pour éviter d'influencer ceux qui combattent un cancer et qui auraient pu croire que «ces traitements pourraient leur convenir personnellement».

Il s'agit là, selon M. Lavigne, d'une question «qui concerne les individus et leur médecin».

Au début de la semaine dernière, Brad Lavigne avait déclaré à La Presse Canadienne que M. Layton était en vacances avec sa famille et qu'il n'y avait «rien à signaler sur le plan de (sa) santé».

Cependant, M. Layton a lui-même affirmé, lundi, qu'il avait commencé à souffrir d'«inconfort et de douleurs» vers la fin de la session parlementaire, en juin. Il est disparu de l'écran radar le 3 juillet avant de refaire surface lundi.

Son secrétaire principal nie avoir voulu «tenter d'induire en erreur» en tenant ces propos. Il soutient qu'il était au courant que Jack Layton avait subi des examens médicaux, mais qu'il n'y avait rien à signaler jusqu'à ce que les résultats ne tombent.

Le contraste entre cette méticuleuse recherche d'informations sur l'état de santé de Jack Layton et l'approche américaine en la matière est frappant.

Au sud de la frontière, les résultats des examens médicaux subis par Barack Obama ont été publiés sur Internet par la Maison-Blanche.

Les Américains savent désormais que leur président souffre d'une tendinite au genou gauche, ce qui l'oblige à prendre des anti-inflammatoires. Ils sont également au courant que son médecin lui a conseillé de surveiller son alimentation pour faire diminuer son taux de cholestérol et de cesser de fumer.

«Selon moi, aucune maladie ne devrait empêcher un candidat de se présenter», affirme le chroniqueur médical du New York Times, Larry Altman.

«Mais le public a le droit de savoir ce qu'il faut prendre en considération avant d'accorder son vote au candidat X ou au candidat Y. Si le public choisit de voter pour une personne mourante, c'est son droit, tant et aussi longtemps que le public est au courant des faits», fait valoir celui qui est maintenant boursier au centre universitaire Woodrow Wilson de Washington.

Lors des dernières présidentielles, Barack Obama et son rival républicain, John McCain, avaient tous deux dévoilé leurs dossiers médicaux.

Il n'en a pas toujours ainsi: Woodrow Wilson a fait des pieds et des mains pour éviter que son état de santé fragile ne soit rendu public après avoir été victime d'un accident vasculaire cérébral qui l'a contraint à demeurer reclus dans les derniers mois de sa présidence.