Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc réclament des enquêtes disciplinaires plus rapides à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) afin d'éviter que des policiers suspendus pour des crimes graves soient tout de même payés pendant des années.

Les deux partis de l'opposition à Ottawa ont réagi hier au reportage dans lequel La Presse a révélé que 396 agents de la GRC ont été suspendus depuis 2000 pour faute grave. Ils ont surtout été indignés d'apprendre qu'à peine 49 d'entre eux ont été privés de leur salaire et que plusieurs responsables de crimes graves ont conservé leur solde pendant plusieurs années.

«Quand il y a des allégations de crimes graves, je peux comprendre qu'on les suspende avec salaire durant quelques mois pour être certain que ce ne soit pas de fausses accusations, mais pas pendant des années. Il y a moyen d'accélérer les choses», a dit le député du NPD Sylvain Chicoine, critique adjoint en matière de sécurité publique.

Le comité d'arbitrage de la GRC, qui tranche les questions disciplinaires, dit mettre en moyenne un an à rendre ses décisions. Mais plusieurs cas recensés par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information ont mis plusieurs années avant de se régler, si bien que 79 agents, le quart des cas classés depuis 10 ans, ont fini par prendre leur retraite avant la fin de l'enquête à leur sujet.

«Si c'est une suspension avec salaire en attendant qu'on prouve que le policier est innocent, je peux comprendre. Mais quand ils finissent par partir à la retraite, on peut se demander ce qui se passe. Est-ce que ces gens sont coupables et acceptent de partir pour ne pas faire de vagues?», s'indigne Maria Mourani, critique du Bloc québécois en matière de sécurité publique.

«Je suis surprise que la majorité de ces gens aient eu des suspensions avec solde. C'est assez aberrant. On parle de comportements assez graves qui impliquent de la drogue ou des attouchements sur des enfants», ajoute cette criminaliste.