Les provinces de Québec et de l'Ontario ne sont pas les seules à dénoncer la réforme du Sénat proposé par le gouvernement Harper. Des sénateurs conservateurs s'élèvent aussi contre les intentions du premier ministre.

Le ministre d'État responsable de la réforme démocratique, Tim Uppal, a expliqué les principaux éléments de la réforme du Sénat aux sénateurs conservateurs à l'occasion d'une rencontre à huis clos mardi.

Essentiellement, le gouvernement Harper veut limiter les mandats des sénateurs à neuf ans et encourager les provinces dont le poste de sénateur est vacant à organiser des élections.

Or, M. Uppal s'est fait chauffer les oreilles par certains sénateurs conservateurs, notamment ceux associés à l'aile progressiste du parti, qui voient d'un mauvais oeil les changements proposés.

Le gouvernement Harper voulait présenter son projet de réforme d'abord au Sénat avant de le faire adopter par la Chambre des communes. Mais devant l'opposition de certains de ses propres sénateurs, il compte maintenant suivre la procédure parlementaire normale en déposant le projet de réforme aux Communes.

Manque de loyauté

La résistance de certains sénateurs a fait bondir de colère le sénateur Bert Brown, qui a été nommé par Stephen Harper en 2007 après avoir été choisi par les électeurs de l'Alberta. M. Brown a accusé ses collègues de manquer de loyauté envers le premier ministre qui les a nommés.

Dans une lettre qu'il a expédiée hier à tous les sénateurs et qui a fait l'objet d'une fuite, M. Brown ne mâche pas ses mots et il rappelle que la majorité des sénateurs ont été nommés par M. Harper pour appuyer les réformes de la Chambre haute.

«Le ministre Uppal a été inondé de plaintes concernant les élections au Sénat et le mandat fixe de neuf ans. [...] Chaque sénateur du caucus doit décider à qui va sa loyauté. Mais la réponse est simple: notre loyauté doit aller à l'homme qui nous a amenés jusqu'ici, à l'homme qui souhaite une réforme du Sénat depuis son entrée en politique: le Très honorable Stephen Harper», a écrit M. Brown.

Confusion

Le chef du Parti libéral, Bob Rae, a affirmé que la zizanie chez les conservateurs démontre que le projet de réforme du premier ministre est impossible à réaliser sans l'appui des provinces.

«Ça montre clairement une confusion totale au sein du Parti conservateur. [...] Et c'est à cause du fait que la proposition du premier ministre est un acte de partisanerie total de sa part», a-t-il dit.

Le gouvernement Charest s'oppose farouchement aux changements proposés par M. Harper. Selon Québec, Ottawa ne peut modifier la Chambre haute sans obtenir au préalable l'assentiment des provinces. Le gouvernement Charest entend contester le projet de réforme devant la Cour suprême du Canada.