Le Canada prolonge jusqu'en septembre sa participation militaire à la mission de l'OTAN en Libye. Insistant sur le fait que le colonel Mouammar Kadhafi doit quitter le pouvoir, Ottawa a par ailleurs reconnu, mardi, le Conseil national de transition comme le gouvernement légitime qui représente le peuple libyen.



Au terme d'un débat qui a duré toute la journée à la Chambre des communes, les parlementaires ont adopté, presque à l'unanimité, une motion confirmant la prolongation de la mission, et qui incluait des amendements proposés par l'opposition néo-démocrate et libérale.

Seule la chef du Parti vert, Elizabeth May, a refusé de voter en faveur de la motion, jugeant que la poursuite des frappes aériennes est l'équivalent «de signer un chèque en blanc à une mission qui n'a aucune stratégie de sortie» dans ce conflit.

Reconnaissance

En guise d'introduction au débat, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a annoncé que le gouvernement fédéral reconnaissait le Conseil national de transition (CNT), - formé par les rebelles contre le régime oppressif du colonel Kadhafi -, comme le représentant légitime du peuple libyen.

«Notre gouvernement travaillera avec les institutions et les représentants du CNT. Je demanderai une rencontre avec mes homologues libyens», a précisé M. Baird, promettant de mettre en branle une «stratégie d'engagement améliorée» avec les rebelles.

Ottawa a promis de redoubler d'efforts sur le plan de la diplomatie. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a par ailleurs annoncé mardi l'attribution de 2 millions de dollars supplémentaires en aide humanitaire pour soutenir les civils, notamment les victimes de violences sexuelles, utilisées comme arme de guerre.

Protection des civils ou éviction de Kadhafi?

L'opposition officielle néo-démocrate a amendé la motion présentée par le gouvernement pour y ajouter l'assurance que l'objectif de la mission n'était pas un changement de régime, mais bien la protection des civils, tel que le prévoit la résolution 1973 des Nations unies.

Le ministre Baird a confirmé que la mission des soldats canadiens était bel et bien de protéger les Libyens contre l'oppression du régime Kadhafi. Mais du même souffle, le chef de la diplomatie canadienne n'a pas hésité à marteler que «tous les leaders du G8, ainsi que la plupart des pays du monde, croient que le colonel Kadhafi doit quitter ses fonctions».

«Il est maintenant recherché par la Cour pénale internationale et il doit fait face aux conséquences de ses actes, a dit M. Baird. Il y a une inquiétude réelle que tant qu'il se maintient au pouvoir en Libye, la population vulnérable et les partisans de la primauté du droit, de la liberté et de la démocratie seront à risque.»

Respect des lois

Pour le NPD, c'est au peuple libyen de décider qui sera leur dirigeant. «C'est une question cruciale pour les Canadiens, a souligné le critique en matière d'affaires étrangères, Paul Dewar. On ne peut pas commencer à décider qui on aime et qui on n'aime pas, et se promener dans le monde pour éjecter les dirigeants qu'on n'aime pas. Il faut respecter les résolutions de l'ONU et les lois internationales.»

Quant au Parti libéral, le chef intérimaire, Bob Rae, s'est réjoui que le gouvernement conservateur reconnaisse et souhaite travailler avec le Conseil national de transition.

«Tant qu'on ne s'implique pas auprès du conseil transitionnel, on ne fera pas de progrès», a dit M. Rae.

Déjà, le Canada a déployé 650 membres de ses forces armées en Libye, sept chasseurs F-18 et une frégate, le NSMC Charlottetown, pour répondre à la résolution de l'ONU, adoptée en mars, visant la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne.