Stephen Harper a de nouveau savouré la victoire électorale du Parti conservateur au dernier scrutin devant quelque 2200 militants en prédisant hier soir que la lune de miel du NPD au Québec sera de courte durée.

Dans un discours attendu par ses troupes à l'occasion du congrès biannuel du Parti conservateur, M. Harper a soutenu que les Québécois vont se tourner en masse vers son parti puisqu'il est le seul à préconiser des impôts bas et à faire de l'économie sa priorité absolue.

Le premier ministre a toutefois affirmé que le Parti conservateur doit mériter la confiance des électeurs à chaque jour et ne jamais tomber dans le panneau de la culture de «tout-m'est-dû» qui a emporté le Parti libéral.

«La lune de miel du NPD va passer. Et je sais aussi qu'aux prochaines élections, une fois que la lune de miel avec le NPD sera terminée, les Québécois vont se tourner vers notre parti, le seul qui baisse les taxes et les impôts, le seul qui gère l'économie de façon prudente, le seul qui croit en une nation québécoise confiante, autonome et fière au sein d'un Canada fort, uni, indépendant et libre», a affirmé M. Harper sous les applaudissements nourris de ses militants.

Pour regagner le terrain perdu au Québec, où les conservateurs ont perdu six des 11 sièges qu'ils détenaient, M. Harper s'est engagé à «continuer de pratiquer un fédéralisme d'ouverture».

L'économie et les valeurs canadiennes

Rappelant la longue route qu'a parcouru le Parti conservateur au cours des dernières années avant de former un «gouvernement fort, stable, national, majoritaire conservateur», M. Harper a soutenu que son parti incarne maintenant les valeurs d'une majorité des Canadiens.

Il a affirmé que les électeurs seront prêts à leur confier une autre majorité dans quatre ans si son gouvernement respecte ses promesses en éliminant le déficit, en s'attaquant au «gras à Ottawa», en maintenant les impôts bas et en protégeant les programmes importants.

«Nous, les conservateurs, disons ce que nous allons faire, et faisons ce que nous disons», a dit M. Harper, rappelant au passage l'intention de son gouvernement de réduire à nouveau les impôts une fois que le déficit aura été éliminé, d'abolir le registre pour les armes de chasse, d'abolir les subventions aux partis politiques et de continuer d'investir dans les Forces armées canadiennes, entre autres.

Abordant son thème de prédilection, l'économie, M. Harper a soutenu que le Canada s'est mieux tiré d'affaire que les autres pays durant la crise économique grâce aux politiques de son gouvernement. «Le Canada est maintenant parmi les pays les plus performants du monde parce que nous nous sommes concentrés avec succès et plus que sur toute autre chose, sur l'économie», a-t-il dit.

Orientations

Toute la journée, hier, les militants conservateurs se sont prononcés derrière des portes closes, loin des médias, sur une série de résolutions devant donner le ton aux orientations politiques du Parti conservateur au cours des prochaines années. Les résolutions adoptées en atelier seront débattues aujourd'hui en plénière.

Signe que le Parti conservateur vise résolument le centre de l'échiquier politique, les résolutions les plus controversées comme celle visant à rouvrir le débat sur le mariage gai ont été rapidement rejetées.

À la satisfaction générale des militants du Québec, les délégués ont aussi rejeté avec une écrasante majorité une proposition du député conservateur de l'Ontario, Scott Reid, visant à modifier les règles du parti concernant le poids des circonscriptions dans une éventuelle course au leadership.

À l'heure actuelle, les 308 circonscriptions du pays disposent d'un poids égal lorsque vient le temps de choisir un chef, peu importe le nombre de membres qu'elles comptent. M. Reid et ses alliés, dont le ministre de l'Immigration Jason Kenney et le ministre des Affaires étrangères John Baird, ont tenté de modifier cette règle de la constitution du parti afin de donner plus de poids aux circonscriptions qui comptent plus de membres.

En vertu de cette proposition, les circonscriptions ayant peu de membres se verraient accorder 100 points alors que celles qui en comptent davantage en auraient 400.

Plaidoyer

Le ministre de la Défense, Peter MacKay, qui a mené les négociations avec Stephen Harper qui ont conduit à la fusion du Parti progressiste-conservateur et de l'Alliance canadienne en 2003, a fait un vibrant plaidoyer en faveur de la règle actuelle. Il a fait valoir que le poids égal accordé aux circonscriptions fait partie des principes fondateurs du Parti conservateur.

M. MacKay, selon nos informations, a été chaudement applaudi par la majorité des militants de la salle.

Mais M. Reid, qui tente pour la troisième fois de faire modifier cette règle depuis 2005, a réussi à récolter les 100 signatures de membres de 100 circonscriptions pour forcer un autre vote sur cette épineuse question samedi à l'occasion de la session plénière. Le congrès conservateur prend fin aujourd'hui.