Rien sur la lutte contre les changements climatiques ni sur la nécessité de s'attaquer à la pauvreté au pays comme à l'étranger; manque de vision à long terme et de collaboration... Les partis de l'opposition ont eu tôt fait de dénoncer, hier, un discours du Trône qui, selon eux, occulte plusieurs questions importantes pour les Canadiens.

«C'était une présentation des anciennes idées, a lancé Jack Layton, le chef de l'opposition officielle. On voulait des initiatives pour la création de bons emplois, mais il n'y avait pas grand-chose. On a encore des baisses d'impôts pour les grandes entreprises, mais pas pour les PME, qui, elles, sont vraiment créatrices d'emplois.»

Manque de collaboration?

Alors que le premier ministre Stephen Harper avait promis, le soir de sa réélection, le 2 mai, de travailler avec les autres partis, M. Layton déplore que le discours du Trône n'en ait rien dit et n'ait repris aucune des propositions du NPD.

Le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, a quant à lui estimé que toute la politique étrangère du gouvernement Harper semblait se résumer aux interventions militaires, mis à part la création d'un bureau des libertés religieuses.

«Il manque, dans tout le document, une indication que ce gouvernement comprend la nature du monde dans lequel on vit et la nécessité d'avoir une participation canadienne et un leadership à l'étranger, a dénoncé M. Rae. Un bureau des libertés religieuses, nous n'avons aucun problème avec ça. Mais il y a d'autres problèmes dans le monde.»

Le Québec

Le chef de l'aile parlementaire du Bloc québécois, Louis Plamondon, a souligné que le discours du Trône entre en contradiction avec plusieurs positions du Québec.

«La commission des valeurs mobilières concentrée à Toronto, l'exploitation hydroélectrique de Terre-Neuve, l'ajout de sièges dans une réforme démocratique, tout ça va en contradiction avec la volonté de l'Assemblée nationale», a-t-il dit.

Quant à la chef du Parti vert, Elizabeth May, elle a déploré que le document ne fasse aucunement mention des changements climatiques, ce qui est de mauvais augure pour le budget de lundi prochain.

Émoi

Si les partis de l'opposition ont critiqué le discours du Trône à l'extérieur de la Chambre des communes, une employée du Sénat a causé toute une commotion au milieu de la lecture du texte. Brigette DePape, 21 ans, a brandi une pancarte en forme d'arrêt routier sur laquelle était écrit: «Stop Harper». Elle a été aussitôt escortée hors de la salle et congédiée de son poste de page, qu'elle occupait depuis un an.

«Le programme de Harper est désastreux pour ce pays et pour ma génération», a-t-elle expliqué dans un communiqué diffusé juste après son geste, qu'elle a qualifié de «désobéissance civile créative».