L'organisation d'un sommet des Premières Nations auquel participerait le premier ministre Stephen Harper commence enfin à prendre forme.

Après de longues années à attendre un processus formel pour remplacer l'accord manqué de Kelowna, qui visait à éradiquer la pauvreté chez les Autochtones, l'Assemblée des Premières Nations (APN) a dit vendredi avoir reçu des indications que le gouvernement conservateur allait bel et bien collaborer à la tenue d'un sommet.

Le discours du Trône des conservateurs, présenté vendredi, faisait par ailleurs mention de la situation des autochtones. Le gouvernement conservateur s'est engagé à mettre en oeuvre une action concertée pour que les résidants de réserves autochtones bénéficient des mêmes opportunités sociale et économique que les autres Canadiens.

Le premier ministre Stephen Harper a notamment promis du financement et des changements de politiques pour améliorer la gestion des terres, l'eau potable, la technologie d'énergie propre et l'accès à l'éducation pour les enfants et les adultes.

Ces promesses surviennent alors que le cabinet du premier ministre et les leaders autochtones travaillent en coulisse pour finaliser les détails du sommet, qui ajouteront de la chair autour de l'os de ces nombreux projets.

M. Harper a longtemps cru que la relation entre le gouvernement fédéral et les communautés autochtones était liée à l'absence de politiques améliorant la qualité de vie des Amérindiens.

Bien qu'aucune date n'ait été évoquée, les bases d'un programme de travail ont déjà été établies, et elles pourraient mener à une rencontre d'ici la fin de l'année, ont indiqué le bureau du premier ministre et l'APN.

«Je sens que le gouvernement est ouvert à la tenue d'un sommet. Ce serait une première étape importante», a affirmé le chef national de l'APN, Shawn Atleo.

La rencontre ciblerait des problématiques particulières comme l'amélioration de l'éducation, la gouvernance et le développement économique.

Les visées du sommet sont intentionnellement restreintes, en opposition aux grandes attentes de l'Accord de Kelowna, difficiles à mettre sur pied et dont le coût était estimé à cinq milliards $ sur dix ans.

Le premier ministre Harper a déjà clairement indiqué qu'il ne voulait pas rouvrir cet accord ni s'inspirer de son approche. Mais en même temps, au cours des cinq dernières années, il a promis à deux reprises de mettre sur pied un processus formel de discussion avec les membres des Premières Nations.

Pendant la campagne électorale de 2006, Stephen Harper s'était engagé à participer à un sommet avec les leaders des Premières Nations et les premiers ministres des provinces dans un délai de trois ans. Le projet ne s'est pas concrétisé, mais M. Harper a dit en décembre qu'il était toujours ouvert à l'idée.

Après les dernières élections fédérales, Shawn Atleo a appelé publiquement à la tenue d'un sommet. Il a rencontré le ministre des Affaires autochtones et du Développement du Nord canadien, John Duncan, à ce sujet. Il affirme que les deux parties commencent maintenant à présenter leurs propositions.

«Les deux parties souhaitent améliorer trois aspects précis, à savoir le développement économique, la gouvernance et l'éducation, et nous travaillons ensemble dans l'atteinte de ces objectifs», a déclaré un porte-parole de Stephen Harper, Andrew MacDougall.

Le gouvernement fédéral et l'APN travaillent déjà au sein d'une équipe commune afin d'améliorer l'éducation des enfants des Premières Nations aux niveaux primaire et secondaire.

L'APN espère également que la sécurité des communautés sera à l'ordre du jour du sommet. La problématique englobe notamment le bien-être des enfants et l'accès à des logements abordables.

Shawn Atleo dit sentir que le gouvernement, fort de la majorité qu'il a obtenue aux dernières élections, est prêt à adopter une vision à long terme et à s'attaquer à des problèmes complexes comme le sort des Autochtones.

Selon lui, le pacte qui définit le Canada depuis ses débuts devrait être à la base de toute discussion et d'une relation de partage de la richesse.

Les communautés autochtones représentent de la main-d'oeuvre inexploitée, tandis que leurs territoires recèlent des ressources naturelles qui valent des milliards de dollars, a souligné M. Atleo.

«Il y a des raisons économiques très convaincantes de vouloir rattraper l'histoire», a-t-il affirmé.