Les députés fédéraux du dernier Parlement démontraient beaucoup plus de courtoisie dans leurs échanges qu'on se l'imagine, selon les scientifiques qui ont étudié de près la période des questions.

À la veille des débuts des travaux du 41ième Parlement, ces chercheurs de l'Université McMaster remettent à l'heure les pendules de la perception de cet exercice parlementaire quotidien.

«En général, ils sont plus polis qu'impolis», conclut Alexandre Sévigny qui doit présenter sa recherche mercredi au Congrès des sciences humaines, à Fredericton.

«Ce qui est rapporté très souvent, ce sont les choses qui sont uniques ou différentes. Pendant chaque épisode, il y aura toujours quelques énoncés qui seront plus outrageux», a constaté le chercheur.

Son équipe a étudié 7800 phrases, 1650 échanges, prélevés dans des échantillons représentatifs de la période des questions orales du 40ième Parlement.

Sans surprise, celui qui démontrait le plus de courtoisie dans le dernier Parlement, c'est le président de la Chambre, Peter Milliken, qui obtient un score de 80. Un score de 100 étant l'indice de courtoisie parfaite.

Avec un score de 68, c'est la ministre des Travaux publics, dans ce Parlement-ci comme dans le précédent, Rona Ambrose qui le suit de plus près.

Stephen Harper? Il est, à 50, debout sur la frontière de la politesse, «ni poli, ni impoli,» le qualifie M. Sévigny.

Celui qui tiendra tête au premier ministre, à partir de jeudi, Jack Layton, s'est plutôt montré impoli avec un score de 39, le plus bas de tous les chefs de partis qui jouaient le jeu avant le déclenchement des dernières élections, en mars.

Ses troupes néo-démocrates aussi se montraient moins courtoises que leurs vis-à-vis conservateurs au dernier Parlement, avec des scores de 41 versus 54.

M. Sévigny croit que c'est dû à la nature même de l'exercice.

«Il y avait une grande corrélation entre quand un député est partisan ou quand il est à l'attaque et un manque de courtoisie.»

Ces scientifiques ont également mesuré 43 pour cent de chahut négatif pendant la période des questions.

Le 16 mai, en conférence de presse, M. Layton promettait de mettre fin au chahut.

«Une chose que nous allons faire, c'est ne pas chahuter», promettait-il, espérant que cela faciliterait la vie de ses nombreuses recrues.

«Il est difficile de parler à la Chambre des communes pendant que des gens, à quelques mètres de vous, vous hurlent à la tête des commentaires grossiers. Nous espérons mettre fin à ça. Et nous nous engageons à ne plus le faire de notre côté.»

M. Sévigny et ses collègues entendent bien continuer leur étude.

«Si on voit un déclin (du chahut), ça pourrait suggérer que M. Layton a tenu sa promesse.»