Un jour après que Québec eut menacé de s'adresser aux tribunaux si Stephen Harper tente de réformer le Sénat sans négociation constitutionnelle, l'Ontario a demandé au gouvernement fédéral, mardi, d'abolir la Chambre haute.

«Voici notre position sur la réforme du Sénat: il faut l'abolir», a déclaré le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, sur son compte Twitter mardi matin.

Le premier ministre Stephen Harper aurait l'intention de déposer un projet de loi qui imposerait une limite de temps au mandat de chaque sénateur, y compris ceux qui siègent déjà. Une deuxième loi permettrait aux provinces de tenir des élections sénatoriales pour combler les sièges devenus vacants.

Dalton McGuinty a affirmé qu'après une série de rencontres avec d'autres premiers ministres, il avait conclu que la meilleure option serait de se débarrasser du Sénat dans son ensemble.

«Le moyen le plus simple de réformer le Sénat est de l'abolir. De toute manière, j'estime qu'une réforme en profondeur du Sénat est tout simplement impossible», a déclaré M. McGuinty lors d'une visite dans une usine de Brampton, plus tard dans la journée.

Le premier ministre a souligné que l'Ontario n'occupait que 25 pour cent des sièges du Sénat, bien que la province regroupe 40 pour cent de la population canadienne.

Il a estimé qu'une Chambre haute composée de membres non élus n'était pas nécessaire.

«Nous avons déjà des élus qui parlent en notre nom à Ottawa, à la Chambre des communes. Il est inutile qu'un deuxième groupe, qui n'est pas élu, nous représente.»

Lundi, le ministre québécois des Affaires intergouvernementales, Pierre Moreau, avait affirmé que le gouvernement fédéral ne pouvait réformer le Sénat seul, puisqu'il doit d'abord proposer un amendement à la Constitution et obtenir l'appui d'au moins sept provinces.

Les précédentes tentatives du gouvernement Harper pour réformer le Sénat ont toutes été bloquées par les partis de l'opposition.

Les conservateurs sont désormais majoritaires à la Chambre des communes et au Sénat.

Les néo-démocrates ontariens ont accueilli la déclaration de M. McGuinty de façon positive. Les progressistes-conservateurs, qui dominent les sondages à quatre mois des élections provinciales, croient que les membres du Sénat devraient être élus, et non nommés.

Au Québec, M. Moreau a rappelé que son gouvernement ne s'oppose pas à la réforme du Sénat, mais estime que tout changement en ce sens doit impliquer des négociations constitutionnelles.

Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick s'opposent également à une réforme unilatérale du Sénat.