Moins d'une heure après avoir annoncé la composition de son cabinet, Stephen Harper a causé une commotion à Ottawa en nommant au Sénat trois candidats conservateurs défaits au dernier scrutin.

Deux de ces sénateurs - Larry Smith et Fabian Manning - avaient même démissionné de la Chambre haute en mars afin de briguer les suffrages, le premier à Montréal et le second à Terre-Neuve. Mais ils ont tous les deux mordu la poussière et le premier ministre a décidé de les renommer.

Défaite dans la région de Québec, l'ancienne ministre des Affaires intergouvernementales Josée Verner a quant à elle été rapidement récompensée pour ses années de loyaux services en obtenant aussi un poste à la Chambre haute.

«Je suis impatient de travailler avec eux pour assurer une vigoureuse reprise économique et des communautés plus sûres partout au pays», a déclaré M. Harper dans un communiqué de presse.

«Notre gouvernement continuera à promouvoir un Sénat plus démocratique, responsable et efficace», a-t-il affirmé.

Cette annonce, deux semaines après le jugement des électeurs, a fait bondir le chef de l'opposition officielle, Jack Layton.

«C'est une claque au visage des électeurs, de dire que quelqu'un qui a perdu des élections il y a quelques semaines a maintenant l'occasion de devenir sénateur, a dénoncé le chef du NPD. C'est une attaque contre la démocratie. Et M. Harper a démontré qu'il ne respecte pas les décisions de la population dans une élection.»

Selon M. Layton, cela démontre aussi que le gouvernement conservateur fait fi du désir de changement exprimé par les électeurs lors des dernières élections.

Dans un article de La Presse Canadienne daté du 3 mai, Larry Smith avait pourtant laissé entendre qu'il écartait l'idée de retourner au Sénat, disant qu'il ne se faisait «pas d'illusions» quant à la possibilité d'y être renommé.

Il a été impossible de le questionner à ce sujet: le bureau du premier ministre n'a pas donné suite aux demandes d'entrevue formulées par La Presse.

Quant à la leader du gouvernement au Sénat, Marjory LeBreton, elle a vanté la qualité de ses nouveaux collègues. «Ils vont grandement contribuer à l'ordre du jour du gouvernement. Ils ont tous de l'expérience parlementaire», a-t-elle répété, évitant toutefois de répondre directement aux questions concernant leur rejet par les électeurs.