Maintenant que les élections sont terminées, le NPD, promu au rang d'opposition officielle, demande de nouveau au gouvernement conservateur de rendre publics les documents concernant les détenus afghans, plus d'un an et demi après les révélations-chocs qui avaient relancé le dossier.

À l'automne 2009, le diplomate Richard Colvin, devant un comité parlementaire, à Ottawa, avait fait état d'allégations de torture dont auraient été victimes les prisonniers afghans remis par le Canada aux autorités locales.

Une véritable bataille de procédure parlementaire avait suivi ces révélations, de sorte qu'une décision rendue par le président de la Chambre des communes, au printemps dernier, avait forcé la création d'un comité chargé de revoir le contenu des documents et d'en faire approuver la diffusion par un panel de juristes.

Le gouvernement invoque des raisons de sécurité nationale pour refuser de rendre l'information publique.

Le NPD avait refusé de participer à ce comité, jugeant que les règles contraignaient les membres au silence.

«ll n'y a plus d'excuse»

En pleine campagne électorale, le panel de juristes avait refusé de rendre publics les documents dont la diffusion avait été approuvée au motif qu'il fallait attendre la reprise des travaux parlementaires.

Mais puisque le comité est techniquement dissous et que certains documents sont prêts à être diffusés, le député néo-démocrate Jack Harris est revenu à la charge, hier, faisant appel à la bonne foi du gouvernement.

«Il n'y a plus d'excuse. Ce sont des documents du gouvernement. Les conservateurs étaient d'accord en campagne électorale pour les rendre publics. On n'a pas besoin d'attendre le retour de la Chambre», a dit M. Harris.

Chez les conservateurs, on rétorque que le «processus en place» doit suivre son cours.

«Les discussions vont reprendre quand le Parlement va siéger de nouveau. Ce sera aux leaders en Chambre de se parler», a rétorqué, impassible, le secrétaire parlementaire du ministre de la Défense, le député conservateur Laurie Hawn, qui refuse d'envisager que le gouvernement puisse rendre lui-même publics les documents tant convoités.

Or, le paragraphe no 10 de l'accord prévoyant la création du comité, signé par les conservateurs, les libéraux et les bloquistes, dit bien que le protocole d'entente demeure «en vigueur» à la suite de la dissolution du Parlement, «à la condition que les chefs du parti au pouvoir et des partis de l'opposition reconnus à la Chambre des communes après une élection générale signent un protocole libellé dans les mêmes termes au cours de la législature suivante».

En d'autres mots, le comité doit être recréé pour que le processus se poursuive, et ce, avec l'accord de tous les partis.

Aux yeux du NPD, c'est donc tout simplement un retour à la case départ.