Les dirigeants du Parti libéral ne voient pas l'urgence d'élire un successeur au chef démissionnaire Michael Ignatieff.



Encore secoués par leur défaite cinglante du 2 mai, ils proposent de tenir un congrès à la direction au plus tôt l'an prochain, selon des informations qui ont circulé lundi soir.

Le Parti libéral a encaissé la pire défaite de son histoire la semaine dernière en faisant élire seulement 34 députés et en obtenant moins de 19% des suffrages. Le chef Michael Ignatieff, qui a annoncé sa démission moins de 24 heures plus tard, n'a même pas été élu dans sa circonscription d'Etobicoke-Lakeshore.

La constitution du Parti libéral prévoit que, en cas de démission du chef, son successeur doit être élu dans les six mois. Or, les dirigeants proposent de modifier la constitution afin de pouvoir procéder à l'élection entre le 1er mai 2012 et le 15 juin 2013.

«Nous n'avons pas à nous précipiter pour choisir le prochain chef. Nous avons du temps devant nous puisqu'il y a un gouvernement majoritaire. De plus, l'organisation d'un congrès coûte très cher et nous sortons d'une campagne électorale coûteuse», a confié lundi une source libérale.

Cette proposition sera soumise demain aux 34 députés et 46 sénateurs libéraux. S'ils sont d'accord, l'amendement à la constitution devra être adopté le 12 juin à l'occasion d'un congrès virtuel, au cours duquel on devrait aussi accepter de reporter le congrès biennal, prévu en décembre.

La direction du parti aurait alors discrétion quant à la date du congrès qui permettra d'élire le prochain chef.

Chef intérimaire

Dans l'intervalle, le caucus devra choisir un chef intérimaire, vraisemblablement le 19 mai. Celui qui assurera l'intérim devra s'engager à ne pas briguer la direction du parti.

Cette manoeuvre forcera le député libéral Bob Rae à décider rapidement s'il se portera candidat à la direction du parti, auquel cas il ne pourra pas être chef intérimaire.

La semaine dernière, l'ancien premier ministre Jean Chrétien a téléphoné à quelques députés et sénateurs pour les exhorter à appuyer Bob Rae comme chef intérimaire.

M. Rae a brigué la direction du PLC en 2006, mais il a perdu aux mains de Stéphane Dion. En 2008, il a songé à se porter candidat à la succession de M. Dion, mais son collègue Dominic LeBlanc et lui se sont désistés au profit de Michael Ignatieff.