Les discussions entourant une possible coalition entre le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique ont été mises sur la glace.

Le libéral Bob Rae avait publiquement émis cette idée, au lendemain de la performance désastreuse de son parti aux élections fédérales de lundi dernier.

Le NPD s'était fait un point d'honneur d'ignorer cette avenue, tandis que des libéraux affirmaient que M. Rae avait réduit ses chances de devenir le prochain leader du parti en faisant un tel commentaire.

Dans une récente entrevue, M. Rae lui-même s'est rétracté et a affirmé qu'il serait irresponsable de ne pas consulter les Canadiens à ce chapitre.

Une éventuelle fusion entre les deux partis doit aller au-delà de la simple coalition et se faire dans le cadre d'une véritable alliance, avait-il affirmé.

M. Rae avait ajouté, vendredi, que s'il avait commenté la possibilité d'une unification entre les partis, c'était simplement parce que les journalistes l'avaient interrogé à ce sujet.

Les discussions seraient toutefois au point mort, alors que les néo-démocrates semblent être plus pressés de s'emparer de leur pouvoir récent et de former un gouvernement crédible pour s'assurer de remporter de futures élections.

Les commentaires de M. Rae, un ancien premier ministre néo-démocrate de l'Ontario, ont été mal reçus par de nombreux membres du NPD, selon des sources proches du parti. Les propos de ce «traître» ont été perçus comme une simple tentative de s'approprier le pouvoir.

«Les néo-démocrates sont encore très amers face à Bob Rae», a souligné le candidat néo-démocrate de longue date Tony Martin, qui vient de perdre son siège dans la circonscription de Sault Ste. Marie, en Ontario, au profit d'un conservateur.

Selon M. Martin, les deux partis auraient accepté de travailler ensemble dans un contexte de gouvernement de coalition. Le NPD était favorable à l'idée de faire front commun avec les libéraux pour contrer les conservateurs de Stephen Harper.

«Une fusion entre les partis n'était pas sur la table, c'était davantage l'idée de travailler ensemble qui était examinée», a précisé M. Martin.

Les vétérans du NPD savent pertinemment que la vague qui les a portés au pouvoir pourrait s'évaporer aussi rapidement qu'elle est apparue, si leurs promesses ne se concrétisent pas. Le parti devra, au cours des quatre prochaines années, prouver à l'électorat qu'il représente la meilleure alternative face aux conservateurs.

Pour les néo-démocrates, c'est donc le moment ou jamais de se faire valoir auprès des Canadiens, et ils ne souhaitent pas entacher leur parcours en frayant avec les libéraux. Le souvenir du peu de considération que leur accordait le Parti libéral, à l'époque où il était l'opposition officielle, est encore frais dans leur mémoire.

Les divergences de vues entre les deux partis sont par ailleurs notoires. Le Parti libéral comporte une frange importante de députés se situant plus à droite sur l'échiquier politique et qui se montreraient réfractaires face à l'idée de s'associer au NPD, un parti qualifié par certains de social-démocrate.

La volonté de freiner M. Harper dans de futures élections est si forte au sein des deux partis que ces négociations pourraient reprendre, a toutefois nuancé M. Martin.

Une routière du NPD, la députée Libby Davies, soutient pour sa part que la solution réside non pas dans une fusion des partis, mais dans une réforme démocratique. Le NPD milite depuis longtemps en faveur de l'implantation d'un système de représentation proportionnelle qui, selon elle, serait un meilleur reflet du choix des citoyens.