Confronté à des dettes de milliers de dollars, Bruce Carson a dû déclarer faillite avant de devenir l'un des plus proches conseillers du premier ministre Stephen Harper.

Des documents obtenus par La Presse Canadienne montrent que M. Carson a déclaré faillite en 1993, avant d'être à nouveau traqué par ses créanciers en 2002 - peu de temps avant de devenir le directeur des politiques et de la recherche de Stephen Harper, alors leader de l'opposition.

Les rapports indiquent que M. Carson a déclaré une dette de 103 359 $ dans les années 1990, et une autre de 369 000 $ il y a neuf ans.

Les documents ne révèlent pas d'autres détails sur ces faillites.

M. Carson, qui fait l'objet d'une enquête de la Gendarmerie royale du Canada en lien avec des allégations de lobbying illégal, soutient que la somme de 2002 correspond à une «entente commerciale».

Ce type d'accord permet à un particulier ou une entreprise de rembourser ses créanciers sur une plus longue période de temps.

«Le second montant ne représente pas une faillite, mais une entente que j'ai soumise à mes créanciers et qu'ils ont acceptée», a soutenu M. Carson dans un courriel, mercredi. Il n'a pas commenté l'affaire davantage.

Le Cabinet du premier ministre a aussi refusé de commenter le dossier.

L'histoire de M. Carson n'est pas sans accrocs. Il a été rayé de la Société du barreau du Haut-Canada en 1981 et a séjourné en prison après avoir plaidé coupable à deux chefs d'accusation de fraude auprès de clients.

«Il a imité la signature du président d'une compagnie et détourné plus de 15 000$ de l'entreprise qu'il représentait», cite le document.

«(Il) a imité la signature d'un client duquel il a détourné plus de 4000$; et détourné 4900$ appartenant à un autre client.»

M. Carson s'est par la suite métamorphosé en spécialiste de la constitution, et s'est fait connaître du milieu politique en travaillant pour le Parti progressiste conservateur sous Joe Clark et Brian Mulroney. Il a aussi oeuvré auprès de l'ancien premier ministre conservateur de l'Ontario, Mike Harris, avant de se joindre à l'équipe de M. Harper lorsque ce dernier est devenu leader de l'opposition.

M. Carson est demeuré auprès de Stephen Harper après la victoire des conservateurs aux élections de 2006.

À Ottawa, on le surnommait «le mécanicien», en raison de son habileté à trouver des solutions à des situations délicates.

Lors d'un débat, en novembre 2006, la leader de la majorité au Sénat Marjory LeBreton avait qualifié M. Carson «d'employé apprécié par le Cabinet».

En 2008, M. Carson a quitté le Cabinet du premier ministre pour diriger l'École de l'énergie et de l'environnement de Calgary, jusqu'à ce qu'il annonce son retrait de l'organisme, la semaine dernière.

La GRC est intervenue après qu'une enquête du Réseau de télévision pour les peuples autochtones (RTPA) ait révélé que M. Carson aurait approché le ministère des Affaires indiennes et le bureau du ministre pour le compte d'une société d'Ottawa spécialisée dans le traitement des eaux, et pour laquelle travaillait l'amie de coeur de M. Carson.