Le gouvernement fédéral n'a aucune intention de donner suite à un ambitieux plan de la Chambre des communes pour combattre la pauvreté.

Le comité des ressources humaines des Communes a mis trois ans pour mettre au point une liste de 58 recommandations qui verraient Ottawa jouer un rôle clé dans la lutte contre la pauvreté.

Ce rapport propose notamment un nouveau transfert fédéral pour compléter les programmes anti-pauvreté provinciaux, et met de l'avant l'idée d'une stratégie nationale en matière de logement.

La ministre fédérale des Ressources humaines, Diane Finley, a toutefois déclaré qu'Ottawa faisait déjà le nécessaire pour combattre la pauvreté. Elle affirme que le gouvernement a stimulé le marché de l'emploi et a investi dans l'habitation par le biais du Plan d'action économique.

«Notre gouvernement conservateur croit que la meilleure façon de combattre la pauvreté est de faire croître l'économie et mettre les Canadiens au travail», a expliqué le porte-parole de Mme Finley.

Le rôle d'Ottawa dans la lutte contre la pauvreté se concentre sur la nécessité de donner aux Canadiens la formation nécessaire pour qu'ils deviennent autonomes, puis ensuite d'utiliser des programmes gouvernementaux très ciblés, pour les aider à surmonter certains obstacles, explique la ministre.

Mme Finley rappelle ensuite les divers programmes mis sur pied par le gouvernement au cours des dernières années pour aider les gens à se préparer au marché du travail et à arrondir les fins de mois.

«La meilleure stratégie à long terme pour combattre la pauvreté, c'est l'emploi, et le gouvernement fait des investissements conséquents pour atteindre cet objectif», conclut la ministre.

La missive du cabinet de Mme Finley ne se penche sur aucune des 58 recommandations émises par les membres du comité des Communes. «Je crois qu'il s'agit d'un abandon de ses responsabilités», a déclaré Mike Savage, porte-parole libéral en matière de ressources humaines. «Le gouvernement fédéral dit simplement: «ce n'est pas notre problème'.»

Le comité parlementaire a consacré 63 rencontres en trois ans pour entendre 260 témoins, a expliqué Tony Martin, du Nouveau Parti démocratique (NPD). «Cette réponse constitue une gifle au visage de tous ces gens.»

Le comité s'est fait dire à plusieurs reprises qu'un leadership fédéral était essentiel pour combattre la pauvreté, afin que l'efficacité d'un ensemble de programmes communautaires et provinciaux puissent être améliorée, a ajouté M. Martin.

Les membres du comité ont également pu entendre qu'un meilleur financement fédéral pour offrir des logements abordables serait la clé pour aider plusieurs communautés moins bien nanties, a-t-il poursuivi.

Bien que les données finales sur l'impact de la récession sur les pauvres ne soient pas encore disponibles, des rapports préliminaires font état d'un problème de pauvreté croissant, a soutenu le député Martin.

Selon les députés Savage et Martin, le gouvernement fédéral ignore la situation à ses risques et périls. La lutte contre la pauvreté est un des sujets chauds, les efforts étant menés par des organisations non gouvernementales et communautaires, ainsi que par des groupes religieux et des entreprises, ont-ils soutenu.

«Nous avons besoin d'un changement d'air. Nous avons besoin d'une élection» si le Canada veut réaliser des progrès dans la réduction de la pauvreté, a affirmé M. Martin.

La réaction de Mme Finley fait écho à la réponse qu'elle avait fournie au volumineux rapport du Sénat sur la pauvreté, publié l'an dernier.

Malgré tout, certains signes laissent croire que la pauvreté sera l'un des thèmes du prochain budget conservateur, qui doit être déposé le 22 mars.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a indiqué qu'il réservera des sommes supplémentaires pour les personnes âgées pauvres qui vivent seules et qui n'ont pas accès au Régime de pensions du Canada.

Même les détracteurs estiment que les conservateurs ont réalisé des progrès en améliorant la sécurité financière pour les enfants handicapés, et en mettant en place des incitatifs fiscaux pour aider les Canadiens défavorisés qui occupent un emploi.