Le gouvernement Harper a versé plus de 500 000 $ à l'ancienne commissaire à l'intégrité du secteur public en disgrâce, Christiane Ouimet, pour que celle-ci quitte son poste.

Selon l'entente de départ, dont La Presse Canadienne a obtenu copie grâce à la Loi d'accès à l'information, Mme Ouimet a reçu une indemnité de départ de 354 000 $, soit l'équivalent de 18 mois de salaire régulier pour son poste.

Quelque 53 100 $ ont aussi été versés à l'ancienne commissaire, en vertu des avantages sociaux auxquels elle avait renoncé.

L'ancienne commissaire a également touché une prime de départ pour 28 semaines, ce qui représente une somme de 137 000 $.

L'entente interdit aux deux parties de commenter publiquement les circonstances entourant la mise à pied abrupte de Mme Ouimet, ou encore de se prononcer sur les négociations entourant ses allocations de fin d'emploi.

Cette entente a été signée le 7 octobre par Mme Ouimet et le haut fonctionnaire Wayne Wouters, dix jours seulement avant le lancement d'une enquête par la vérificatrice générale, Sheila Fraser, sur la Commission à l'intégrité du secteur public. Mme Ouimet avait remis sa démission deux jours avant le début de l'enquête.

La vérificatrice générale avait remis un rapport accablant, en décembre, qui critiquait Mme Ouimet pour avoir omis d'accomplir son travail et avoir vitupéré ses employés.

Le rapport de Mme Fraser indique que 229 allégations de cas d'actes répréhensibles dans le secteur public ou de représailles contre des dénonciateurs ont été déposés au bureau de Mme Ouimet. Sept enquêtes seulement avaient été lancées par la commission, mais aucune d'entre elles n'avait mené à la condamnation d'actes préjudiciables.

Le premier ministre Stephen Harper avait nommé, en 2007, Mme Ouimet à la tête de cette nouvelle commission. L'organe indépendant avait pour objectif de protéger les fonctionnaires ayant levé le voile sur des malversations commises au sein du gouvernement fédéral.

L'opposition ne décolérait pas au Parlement, vendredi, dénonçant le fait que l'ancienne commissaire reçoive un salaire pour son travail bâclé.

Le député libéral Navdeep Bains a qualifié ces indemnités de «prix du silence».

«C'est scandaleux de constater qu'elle ait reçu une somme d'argent aussi importante, et cela démontre à quel point le premier ministre souhaite s'assurer de son silence», a-t-il soutenu.

M. Bains et le député du Nouveau Parti démocrate Pat Martin ont tous deux accusé le gouvernement fédéral d'avoir mis sur pied cette nouvelle commission dans l'unique but de masquer les apparences.

«Nous estimons que Mme Ouimet était une moucharde et qu'elle était vouée à être démise de ses fonctions», ont-ils affirmé.

Des documents obtenus par La Presse Canadienne plus tôt cette semaine montraient que Mme Ouimet avait des relations privilégiées avec des dignitaires du Bureau du Conseil privé, le «ministère» de Stephen Harper. Elle a aussi tenté d'obtenir des rencontres avec le président du Conseil du trésor, Stockwell Day, de même qu'avec son prédécesseur, Vic Toews.

Mme Ouimet doit se présenter devant le comité des comptes publics du Parlement jeudi, alors quelle n'y était pas apparue le mois dernier.