Pas question, pour le gouvernement fédéral, de financer des amphithéâtres de sport professionnel, nulle part au pays.

Six mois après avoir fièrement arboré le chandail des Nordiques de Québec, le ministre des Anciens combattants, député de Jonquière-Alma, Jean-Pierre Blackburn, se range derrière son gouvernement: il n'y aura aucun investissement d'Ottawa pour le nouveau Colisée de Québec.

«Nous avons décidé de mettre notre pied à terre. Nous n'irons pas de l'avant dans le versement d'argent du fédéral dans l'infrastructure du Colisée, ni au Québec, ni ailleurs au Canada», a lancé le ministre Blackburn, hier, après la rencontre hebdomadaire du caucus des députés conservateurs.

«Voilà des mois qu'on attend un plan d'affaires. Voilà des mois qu'on attend que le privé s'engage de façon substantielle, a-t-il ajouté. Hier, ce qu'on apprend, c'est que oui, il y aura une participation du privé, mais pas dans le bâtiment. Il n'y a rien du côté du privé pour le bâtiment.»

M. Blackburn faisait partie du groupe de huit députés conservateurs de la région de Québec, et des régions limitrophes, qui avaient enfilé en septembre dernier le chandail de l'ancienne équipe de la Ligue nationale disparue en 1995.

L'objectif était alors de gagner des votes au Québec, les députés allant jusqu'à affirmer que la construction d'un nouvel amphithéâtre à Québec était une «priorité» du gouvernement conservateur.

Mais l'initiative des députés conservateurs québécois avait rapidement soulevé la colère dans le reste du Canada, et même au sein des troupes de Stephen Harper.

Un suicide politique?

Hier, le maire de Québec, Régis Labeaume, aux propos toujours très colorés, a affirmé que les conservateurs adoptaient une position «suicidaire» en refusant de participer au financement du nouveau Colisée.

Le Parti conservateur de Stephen Harper détient actuellement une majorité de sièges dans la région de Québec. Le Parti libéral de Michael Ignatieff et le Bloc québécois de Gilles Duceppe espèrent maintenant qu'avec ce refus de participer au nouveau Colisée, certains de ces sièges pourraient changer de camp aux prochaines élections.

Interrogé à savoir si ce revers nuira aux chances des députés conservateurs d'être réélus, le sénateur Jacques Demers, ancien entraîneur du Canadien et des Nordiques, a rejeté les propos du maire Labeaume. «Ce n'est pas un suicide politique», a-t-il affirmé à la sortie du caucus conservateur.

Plus hésitant, le ministre Blackburn a refusé de répondre à la question. «Les gens vont savoir à quoi s'en tenir. On a attendu des mois et des mois. À un moment donné, c'est assez», a-t-il rétorqué.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui s'est depuis longtemps prononcé en faveur d'un investissement fédéral dans le Colisée, a pour sa part estimé que les députés conservateurs du Québec étaient «une bande de soumis qui se tiennent à genoux dans leur caucus».

- Avec La Presse Canadienne