La familiarité qui semble être de mise entre les Commissaires à l'intégrité du secteur public, certains ministres et le Bureau du Conseil privé soulève des questions quant à l'indépendance de l'Agence fédérale, responsable de recevoir les plaintes d'actes répréhensibles dénoncés par les fonctionnaires.

Des lettres et des courriels obtenus par La Presse Canadienne montrent que l'ex-Commissaire Christiane Ouimet a sollicité des rencontres avec le président du Conseil du Trésor, Stockwell Day, et qu'elle a même rencontré son prédécesseur, Vic Toews.

De plus, dans des correspondances adressées à de hauts fonctionnaires du Conseil privé par Mme Ouimet, leurs titres officiels ont été rayés pour être remplacés par leur simple prénom.

Ainsi, une lettre destinée au Greffier du Conseil privé, pourtant le plus haut fonctionnaire du pays, Wayne Wouters, a été adressée à la main à «Cher Wayne».

Pourtant, le Commissariat est un organisme indépendant, qui ne doit rendre des comptes qu'au Parlement.

La pratique de familiarité semble s'être poursuivie après la démission de Mme Ouimet en octobre dernier.

Parmi les documents se trouvent également des courriels échangés le mois dernier entre l'actuel commissaire, Mario Dion, et Patricia Hassard, la sous-secrétaire du Bureau du Conseil privé -le «ministère du premier ministre», responsable de l'appuyer et de le conseiller.

Discutant des témoins qui devront se présenter devant le comité parlementaire des comptes publics, justement au sujet du rôle du Commissariat après le récent et dévastateur rapport de la vérificatrice générale, M. Dion avise Mme Hassard que le Greffier du Conseil privé devrait être mis au courant de certains faits avant son témoignage.

Il s'offre même pour le faire, et ainsi expliquer la situation interne, soit qu'un ancien cadre du Commissariat a embauché un avocat pour une plainte liée à un congédiement déguisé.

«Il me ferait plaisir de fournir des détails à un responsable au Bureau du Conseil privé pour s'assurer que Wayne n'est pas pris au dépourvu», a indiqué M. Dion, faisant lui aussi référence au Greffier par son prénom.

«Combien d'autres sujets ont fait l'objet des discussions entre le ministère du premier ministre et le commissaire à l'intégrité», s'est insurgé aux Communes, lundi, le député libéral Joe Volpe.

«Ce Bureau n'est-il donc qu'une imposture?», a-t-il lancé.

Ces lettres et courriels en provenance du Commissariat ont été déposés auprès du Comité des comptes publics.

Le Parti libéral a d'ailleurs remis en question devant les parlementaires lundi l'autonomie et l'impartialité du Commissaire, allant jusqu'à prétendre, par la bouche de son député Joe Volpe, que le premier ministre n'avait jamais eu l'intention d'avoir un organisme de surveillance réellement indépendant.

Le Commissariat à l'intégrité du secteur public vient d'être remis sous les projecteurs, peu de temps après la démission de Christiane Ouimet et le rapport de la Vérificatrice qui la blâme durement pour avoir mal fait son travail.

Responsable de recevoir les dénonciations de fonctionnaires qui sont témoins d'irrégularités ou d'actes répréhensibles au sein de la fonction publique, Mme Ouimet n'avait trouvé aucune d'entre elles valables, malgré quelque 200 plaintes depuis 2007.

Nouvellement en poste, M. Dion a récemment entrepris une révision de toutes les plaintes qui avaient été abandonnées par Mme Ouimet.

Malgré plusieurs tentatives du comité parlementaire des comptes publics pour la faire témoigner -incluant des subpoenas- Mme Ouimet comparaîtra finalement le 11 mars.