Le ministre de l'Immigration du Canada, Jason Kenney, a démontré une incompréhension flagrante du fonctionnement du système judiciaire dans un discours prononcé la semaine dernière, a critiqué vendredi une association d'avocats spécialisés dans la défense des réfugiés.

M. Kenney avait pris la parole la semaine dernière à la Faculté de droit de l'Université Western Ontario, une allocution au cours de laquelle il a vertement critiqué les juges et les avocats canadiens. Il les a notamment accusés de laisser filer des dossiers frauduleux entre les mailles du filet et de permettre à des demandeurs d'allonger les procédures judiciaires pendant plusieurs années afin de rester au pays.

Les juges renversent les décisions des fonctionnaires et des autres juges par caprice ou dans des élans déplacés de magnanimité, avait déclaré le ministre Kenney.

Dans son communiqué, la Refugee Lawyers Association of Ontario a affirmé que le ministre semblait vouloir exercer une pression inappropriée sur le système de justice, qui devrait être totalement indépendant de toute influence politique.

L'association, qui représente quelque 200 membres en Ontario, a soutenu que le ministre tentait de convaincre les tribunaux d'approuver systématiquement les décisions prises par son ministère.

Ce qu'il n'a pas compris, a affirmé le groupe, c'est que les cours de justice s'assurent que les ministres et les fonctionnaires respectent les lois et n'abusent pas de leur autorité.

Selon Clifford Luyt, un avocat qui a contribué à la rédaction du document, le ministre a dépassé la limite des commentaires qui lui sont permis.

«Comme ministre, il faut qu'il reconnaisse que le système de justice est indépendant et qu'il prendra parfois des décisions qui ne lui plaisent pas, a-t-il avancé. Il faut qu'il vive avec cela. Il ne peut pas aller prononcer un discours devant une faculté de droit pour accuser les juges d'agir selon leurs caprices.»

Le porte-parole du ministre de l'Immigration, Alykhan Velshi, n'a pas tardé à répliquer aux commentaires de l'association.

«Cette plainte aurait pu avoir été écrite par les libéraux de Michael Ignatieff, qui semblent prêts à laisser vivre illégalement pendant des décennies au Canada de violents criminels étrangers», a-t-il affirmé.