Le bureau du premier ministre Stephen Harper a joué un rôle important dans le processus de sélection d'un nouveau vice-président du CRTC, a appris La Presse.

Plusieurs candidats nous ont en effet confirmé que des entrevues avaient été menées à l'édifice Langevin, immeuble qui abrite les bureaux du premier ministre, en face du parlement à Ottawa.

Au moins un représentant du premier ministre était présent: l'une de ses adjointes responsables des nominations. Les trois autres participants étaient une responsable des mesures au bureau du ministre du Patrimoine, un fonctionnaire de ce ministère et un autre du bureau du Conseil privé.

Enfin, plusieurs candidats nous ont aussi confirmé que l'une des questions posées allait en ce sens: «Vous retournez au bureau après une audience. Un message du ministre vous attend sur votre boîte vocale. Il souhaite discuter du dossier dans lequel vous venez de siéger. Que faites-vous?»

Ces informations pourraient donner des munitions aux partis de l'opposition, qui accusent le bureau du premier ministre de s'être ingéré dans le processus de sélection d'un nouveau vice-président de la radiodiffusion au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

Il y a 10 jours, le gouvernement a annoncé la nomination de Tom Pentefountas à ce poste. Avocat criminaliste de Montréal sans expérience dans le domaine complexe de la réglementation de l'industrie de la télévision, de l'internet et de la radio, M. Pentefountas est l'ancien président de l'Action démocratique du Québec, parti duquel est issu l'influent directeur des communications du premier ministre Harper, Dimitri Soudas.

Cette nomination soulève l'inquiétude, au moment où l'organisme réglementaire s'apprête à se pencher sur des dossiers importants dans cette industrie de plusieurs milliards de dollars, dont l'intégration verticale des médias comme Quebecor, le renouvellement de la licence de CBC/Radio-Canada et l'acquisition de CTV par Bell.

«Processus rigoureux»

Mais le gouvernement affirme que toutes les règles ont été suivies. «Cet individu est passé par un processus de sélection rigoureux, indépendant et ouvert à travers le ministère du Patrimoine du Canada, a déclaré la semaine dernière la leader du gouvernement au Sénat, Marjory LeBreton. On a conclu qu'il était complètement qualifié.»

Au bureau du premier ministre, une source a indiqué qu'il était normal et habituel pour une nomination de cette envergure qu'un de ses représentants assiste aux entrevues.

Cette source a ajouté que M. Pentefountas avait lui aussi dû soumettre sa candidature et franchir le processus d'entrevue. Une affirmation dont les partis de l'opposition doutent: selon eux, le nouveau vice-président a carrément outrepassé le processus normal. Cette impression a été renforcée par un article publié en décembre sur le site web ipolitics.ca, dans lequel l'avocat montréalais niait avoir même été pressenti pour le poste.