Le gouvernement Harper n'investira pas un cent dans le projet d'amphithéâtre dévoilé jeudi par le maire de Québec, Régis Labeaume, parce qu'il ne prévoit aucune participation du secteur privé.

La ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, a laissé entendre hier que le plan présenté par le maire Labeaume ne respecte pas une des conditions sine qua non du gouvernement Harper. Selon ce plan, le gouvernement du Québec paie la moitié des coûts de construction de l'amphithéâtre, évalués à 400 millions de dollars, jusqu'à concurrence de 200 millions. La Ville de Québec s'est engagée à y investir 187 millions, et le groupe J'ai ma place versera au moins 13 millions.

La ministre Verner avait dit attendre le dossier complet du maire avant de se prononcer sur le projet, qui doit permettre le retour d'une équipe de la LNH dans la capitale. Elle a toutefois affirmé hier aux Communes que la position d'Ottawa demeure la même: «Le gouvernement n'a pas changé sa position concernant le dossier de l'amphithéâtre. On a demandé à obtenir un dossier complet, incluant des investissements du secteur privé», a dit Mme Verner, interpellée de nouveau par le Bloc québécois. Une source conservatrice a été aussi catégorique plus tard avec La Presse: «Sans le secteur privé, le gouvernement ne participera pas au projet. Et s'il y a une contribution, elle sera modeste.»

À Québec, seule l'ADQ a critiqué l'investissement du gouvernement Charest. Son chef, Gérard Deltell, croit que le premier ministre n'aurait pas dû accepter de payer la moitié de la facture du nouveau Colisée sans exiger une participation du privé dans la construction.

«Pourquoi se priver du privé?» a martelé M. Deltell une dizaine de fois en conférence de presse, hier. À son avis, la part de l'entreprise privée aurait dû être d'au moins 50 millions de dollars. Sans critiquer le gouvernement conservateur, le chef de l'ADQ a dit souhaiter que le fédéral participe au financement. Il se vante d'être conséquent. Même s'il est député dans la région de Québec, où le projet du nouveau Colisée est populaire, il maintient sa position depuis le début du dossier.

Le président de l'Union des municipalités du Québec et maire de Rimouski, Éric Forest, a quant à lui salué la «créativité» de l'investissement «sans précédent» de 400 millions. «Pour nous, dans l'est du Québec, c'est un équipement qui, souhaitons-le, pourrait permettre l'obtention des Jeux olympiques.»

M. Forest a cependant admis que le cadeau du gouvernement du Québec à la capitale pourrait aiguiser l'appétit des autres municipalités. «J'ai bon espoir que demain matin, compte tenu de l'aide qui a été donnée, ça me donne un argument de plus pour aller dire au gouvernement: il faut que vous m'aidiez moi aussi...»

De passage à Montréal, où il a rencontré des acteurs du monde municipal - dont Éric Forest - en préparation de son discours inaugural, le premier ministre Jean Charest a nié avoir ouvert une boîte de Pandore: «C'est un investissement important pour tout le Québec, et l'est du Québec en particulier, pas juste pour la Capitale nationale. Quand on fait le Quartier des spectacles à Montréal, les gens ailleurs au Québec appuient ça parce qu'ils fréquentent Montréal, c'est la métropole du Québec. Québec, c'est la Capitale nationale. Ce n'est pas un ou l'autre.»

- Avec Karim Benessaieh