Les Canadiens n'ont rien à craindre d'une plus grande collaboration entre les États-Unis et le Canada dans la gestion de leur frontière commune, a estimé le premier ministre Stephen Harper, vendredi. Aux côtés du président Barack Obama, il a annoncé l'établissement d'un périmètre de sécurité pour favoriser le commerce et répondre plus efficacement aux menaces terroristes.

«Ce n'est pas une question de souveraineté; il s'agit d'utiliser notre souveraineté au bénéfice des Canadiens, a souligné M. Harper à l'issue d'une rencontre avec le président Obama, à Washington. C'est dans l'intérêt du Canada de travailler avec ses partenaires aux États-Unis pour s'assurer que nos frontières soient sûres et que nous puissions voyager et faire du commerce de la façon la plus sécuritaire et ouverte possible, dans le contexte de nos différentes lois.»

Les deux hommes ont annoncé la création d'un groupe de travail sur la frontière afin d'arriver dans les plus brefs délais à une intégration transfrontalière dans l'application de la loi. Il s'agira de faciliter le commerce, de protéger les infrastructures et d'accroître la capacité des deux pays d'agir tôt pour éliminer les menaces.

«Les menaces à la sécurité sont similaires des deux côtés de la frontière, a expliqué le premier ministre. Nous partageons un espace économique intégré. Ce n'est pas logique de vérifier constamment les mêmes cargaisons, encore et encore. Dans un périmètre, s'il est possible de décongestionner la frontière, c'est la voie à suivre.»

«Le partage d'information, la planification concertée, des formalités compatibles et des techniques d'inspection seront des outils clés», a-t-il ajouté, faisant fi des critiques qui craignent une atteinte au respect de la vie privée des citoyens canadiens.

«Plus liés que n'importe quels pays partenaires au monde»

Le président Obama a quant à lui parlé d'une «nouvelle vision de gestion des responsabilités partagées», non seulement au 49e parallèle, mais «au-delà des frontières».

«Les États-Unis et le Canada ne sont pas seulement des alliés, pas simplement des voisins; nous sommes plus liés que n'importe quels pays partenaires au monde», a dit M. Obama.

«Avec des échanges commerciaux de plus de 1 milliard de dollars par jour, une gestion plus intelligente de nos frontières est la clé de la compétitivité et de la création d'emplois», a-t-il souligné.

Ainsi, le président Obama et le premier ministre Harper ont aussi annoncé la création du Conseil États-Unis-Canada de coopération en matière de réglementation afin de réduire les tracasseries administratives et les dédoublements et de faciliter le commerce.

«Il faut évidemment trouver le bon équilibre entre protéger la santé et la sécurité du public et faire en sorte que ce soit plus facile et moins coûteux pour les Américains et les Canadiens de faire des affaires, notamment dans l'industrie de l'automobile», a expliqué le président.

Après une rencontre qui a duré environ une heure, d'abord avec des conseillers, puis en tête-à-tête à la Maison-Blanche, le président Obama et le premier ministre Harper ont rencontré les médias canadiens et américains.

«Le Canada n'a pas d'amis parmi les ennemis des États-Unis, et les États-Unis n'ont pas de meilleur ami que le Canada», a conclu le premier ministre Harper.

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Harper défend la vente de combustibles fossiles

Les États-Unis ont le choix entre accroître leur capacité de production de combustible fossile, accepter de s'approvisionner au Canada ou encore acheter cette énergie dans d'autres pays qui ne sont pas aussi sûrs, stables ou sympathiques aux valeurs et aux intérêts américains, a lancé hier le premier ministre canadien Stephen Harper en réponse à des journalistes américains. «Il est clair que les besoins des États-Unis en combustibles fossiles excèdent leur capacité de produire cette forme d'énergie. Et cette réalité durera encore un moment», a souligné le premier ministre. Le choix s'impose donc aux Américains, selon M. Harper: acheter leur énergie au Canada, allié indéfectible, ou ailleurs, dans des pays où l'approvisionnement est moins garanti.