Il n'y a pas que les partis politiques fédéraux qui se lancent dans des offensives publicitaires en cette période pré-électorale: le gouvernement aussi.

La Presse a appris qu'Ottawa pourrait dépenser plus de 3 millions de dollars pour une campagne radio, télé et imprimée visant à vanter les mérites de sept programmes pour aider les familles canadiennes. Ils incluent la prestation universelle pour la garde d'enfants et le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants, toutes deux des promesses électorales du premier ministre Stephen Harper dans le passé.

Est-ce un hasard? Ces publicités émanant du ministère des Ressources humaines et du développement des compétences, donc payées à même les fonds publics, sont diffusées entre le 31 janvier et le 28 février. Or, au même moment, le Parti libéral du Canada fait de la défense des familles de classe moyenne la pierre angulaire de son message pré-électoral.

«Il s'agit d'une campagne de publicité annuelle qui informe les Canadiens sur notre programme de baisses d'impôt, a-t-on expliqué mercredi au bureau du premier ministre. Alors qu'ils devront bientôt remplir leurs déclarations d'impôt, il est important que les contribuables canadiens soient informés de toutes les baisses d'impôt offertes aux familles, aux parents, aux travailleurs, aux étudiants et à tous les Canadiens.»

Mais David McGuinty, le leader du Parti libéral à la Chambre des communes, en fait une lecture bien différente. «C'est tricher que d'utiliser l'argent des contribuables pour faire mousser la popularité d'un parti, a-t-il dénoncé. Et ce n'est pas le seul exemple. Ils dépensent une fortune en publicités du même genre.»

Trois autres campagnes

Cette campagne s'ajoute à trois autres, toutes lancées au cours du dernier mois. Chacune vante les mérites du gouvernement Harper, mais une seule a été payée par le Parti conservateur: celle où il attaquait le patriotisme du chef libéral, Michael Ignatieff, et la capacité du Bloc québécois de répondre aux véritables aspirations des Québécois.

Les deux autres traitent du Plan d'action économique du gouvernement fédéral, adopté il y a deux ans pour faire face à la crise économique mondiale. Elles ont été lancées au même moment que les annonces partisanes du Parti conservateur, au cours de la semaine du 10 au 17 janvier. On ignore leur coût.

La première émane de l'Agence du revenu du Canada. Elle trace un lien entre des mesures fiscales mises en place en 2006 et le Plan d'action économique lancé par le gouvernement conservateur en 2009. La seconde provient elle aussi du ministère des Ressources humaines. Elle fait la promotion de programmes de formation professionnelle. Le plus coûteux d'entre eux doit se terminer à la fin du mois de mars.

«Ce genre d'annonces est à proscrire», a réagi Gerry Nichols, un conservateur de longue date qui militait autrefois au sein de la National Citizens Coalition avec Stephen Harper.

«Les contribuables canadiens ne devraient pas financer ce qui est essentiellement une campagne publicitaire partisane. Si les politiciens veulent se péter les bretelles, ils devraient puiser dans leur propre argent pour le faire», a-t-il ajouté dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne.

Les publicités du Parti conservateur font jaser depuis deux semaines. L'une d'elles, qui citait Michael Ignatieff hors-contexte, a été retirée après 24 heures.

Au début janvier, La Presse Canadienne avait aussi rapporté que le site Internet du Plan d'action économique, truffé de photos du premier ministre Harper, enfreignait les règles fédérales. Il a tout de même été mis en ligne.