Campagne électorale ou non, Michael Ignatieff passera une bonne partie des prochains mois à courtiser les électeurs.

Son entourage croit en effet que le chef libéral a beaucoup plus à gagner à sillonner le pays qu'à rester dans la «bulle du Parlement», du moins lorsque les députés ne siègent pas. L'été dernier, par exemple, la tournée de M. Ignatieff avait coïncidé avec une remontée de son parti dans les intentions de vote.

«Il a fait plus de 100 entrevues avec des médias locaux, a précisé une source. Après tout, c'est encore comme ça que la majorité des Canadiens s'informe.»

Cette tactique est d'autant plus pertinente aux yeux des stratèges du parti que, au terme de la tournée estivale de leur chef, leur sondeur avait confirmé que la classe moyenne canadienne était très préoccupée par sa sécurité financière et sociale.

Du coup, la défense des intérêts des familles de la classe moyenne est devenu le thème principal du discours libéral. «Nous allons certainement continuer de marteler nos messages, a indiqué le lieutenant québécois de Michael Ignatieff, Marc Garneau. Pour nous, ce qui est important, c'est de s'attaquer aux pressions que ressentent les familles vis-à-vis de l'endettement, de la santé, etc.»

M. Garneau s'attend aussi à des affrontements au Parlement avec le gouvernement Harper, notamment au sujet des projets de loi C-32 (sur les droits d'auteur) et C-49 (sur les passeurs d'immigrants clandestins).

Mais s'il n'y a pas d'élections au printemps, le chef libéral devra aussi s'efforcer de garder l'appui de ses députés et de ses militants. Même avec une bataille électorale à l'horizon, des libéraux fédéraux continuent à critiquer son leadership.

«Il y a même une rumeur qui dit que les hautes instances du parti lui cherchent un job, a confié l'un d'eux récemment. Il faut qu'il parte, sinon on s'en va vers un désastre!»