Même si Pierre Karl Péladeau dit avoir présenté une offre «substantielle» de «plusieurs dizaines de millions de dollars», le Bloc québécois ne change pas d'idée. Son chef, Gilles Duceppe, souhaite toujours qu'Ottawa finance à 45% le nouvel amphithéâtre de Québec, ce qui ferait en sorte qu'il serait payé entièrement avec des fonds publics.

«On paie la moitié de nos impôts à Ottawa, alors ce serait normal que le fédéral assume la moitié des coûts», a justifié M. Duceppe, hier, lors d'un caucus de son parti dans un hôtel de Québec.

Selon nos informations, Ottawa pourrait investir un maximum de 20 millions dans le nouveau Colisée.

Le gouvernement Charest a déjà annoncé qu'il paierait 45% de la facture du nouveau Colisée. Cela équivaudrait à plus de 175 millions. La Ville de Québec ajoutera 50 millions. Avec 45% du fédéral, le financement serait ainsi bouclé sans contribution du privé.

M. Duceppe encourage-t-il les investisseurs privés à rester sur la touche? «Absolument pas. (...) Je connais un certain nombre de personnes dans le privé qui se disent prêtes éventuellement à investir, mais qui nous demandent en même temps de maintenir toute la pression sur le gouvernement.» Sa dernière rencontre avec M. Péladeau remonte au printemps dernier.

«Nous sommes tous des amateurs de sport, mais il n'en demeure pas moins que le financement des installations professionnelles relève principalement du secteur privé», a réagi le bureau du premier ministre Stephen Harper. On ajoute que PPP Canada continue d'examiner les demandes de financement, mais qu'aucune décision n'a été prise. Ottawa dit devoir être équitable envers les autres villes canadiennes qui demandent aussi de l'argent pour leurs infrastructures sportives. Le gouvernement Harper indique aussi que, dans le passé, Ottawa a financé de telles installations seulement pour aider les villes à obtenir les Jeux olympiques ou d'autres compétitions internationales.

Un demi-milliard de demandes

Le Bloc a présenté hier ses demandes pour la région de Québec dans le prochain budget fédéral. Elles s'élèvent à 500 millions.

En plus des 175 millions pour l'amphithéâtre, les bloquistes demandent à Ottawa d'investir 100 millions pour la réfection du pont de Québec, 20 millions pour décontaminer l'eau de Shannon et 1,75 million pour célébrer les 150 ans de Lévis (Ottawa offre actuellement 1 million).

M. Duceppe donnera une autre conférence de presse aujourd'hui afin de présenter ses demandes budgétaires pour l'ensemble de la province. Elles comprendront 200 millions additionnels qui iront à la région de Québec. Cela portera ainsi les demandes totales pour la capitale nationale à 500 millions.

Le Bloc a déjà imposé une condition sine qua non à son appui au prochain budget: que Québec soit indemnisé de 2,1 milliards pour l'harmonisation de la TPS avec la TVQ. Mais cela pourrait ne pas suffire. «À partir de là, on va juger le reste du budget en fonction de ce qu'il y aura dedans», a répété M. Duceppe hier. Il a refusé de dire si une des demandes présentées pour Québec constitue aussi une condition nécessaire à son appui. Il s'est justifié par cette métaphore: «Je réponds souvent à ce genre de question en disant: si ma grand-mère avait eu des roues, ç'eût été un tracteur.»

Selon un sondage Segma-Le Soleil publié hier, les troupes de M. Duceppe récoltent 39% des intentions de vote (marge d'erreur de 3,7 points de pourcentage). Les conservateurs arrivent deuxièmes, avec 29%. C'était presque le contraire aux élections de 2008. Les députées conservatrices Josée Verner et Sylvie Boucher sont menacées de perdre leur siège.

«Je ne commente pas les sondages», a réagi M. Duceppe en refrénant un sourire. «C'est notre capitale nationale et nous avons été là dans le passé. Il n'y a pas de raison de ne pas y être encore», a-t-il plus tard ajouté en anglais, avant de souligner qu'il «ne tenait rien pour acquis».