Depuis que les Mexicains qui visitent le Canada sont obligés de se munir d'un visa, les demandes d'asile au Québec ont radicalement diminué. Les économies dépassent les 84 millions de dollars par année depuis l'implantation de cette mesure, en 2009.

C'est ce que révèlent des mémorandums du ministère fédéral de l'Immigration, que La Presse a obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Accueil des Haïtiens

Les documents font aussi le bilan de l'opération mise en place pour accueillir des ressortissants haïtiens au lendemain du séisme du 12 janvier 2010. La mesure, en vigueur jusqu'au mois d'août 2010, a fait entrer au pays 1785 Haïtiens pourvus d'un visa de résident permanent - 1429 se sont qualifiés dans le programme de réunification des familles. On a aussi alloué 1800 visas de résident temporaire et 500 permis de séjour. Pas moins de 98% des demandes ont été traitées dans ce court délai de huit mois.

Des demandes d'asile en forte hausse

Quant au dossier mexicain, le gouvernement Charest, qui avait critiqué le gouvernement Harper lorsqu'il a rendu le visa obligatoire, à l'été 2009, espérait qu'Ottawa reviendrait sur cette décision.

Par le passé, on observait jusqu'à 270 000 entrées de citoyens mexicains au Canada. Les demandes d'asile de la part de Mexicains avaient triplé entre 2005 et 2009. Plus de la moitié de ces demandes étaient faites au Québec, à l'aéroport Montréal-Trudeau dans la vaste majorité des cas. Du mois de janvier au mois de juillet 2009, le Canada a reçu 5987 demandes d'asile de la part de ressortissants mexicains, dont 57% au Québec. On est subitement passé de 5323 à 86 demandes pour des périodes similaires avant et après l'imposition du visa.

En 2008, les ressortissants du Mexique avaient soumis 9400 demandes d'asile, soit 25% des demandes de l'ensemble des pays étrangers. Or, seulement 11% ont été jugées recevables.

Des économies appréciables

À l'époque, bien des observateurs avaient critiqué la mesure, soulignant que le Canada privait ainsi son industrie touristique de retombées de près de 100 millions de dollars par année.

Or, les chiffres fédéraux indiquent que l'État québécois a plutôt fait des économies appréciables puisque, pour le Québec, ces demandes engendraient des dépenses qui avaient monté en flèche pour l'aide de dernier recours. On était passé de 41 millions en 2006-2007 à 60 millions l'année suivante, et on prévoyait 82 millions pour 2008-2009.

Ces demandes d'asile coûtent environ 16 000$ quand elles sont agréées. En cas de refus, la facture peut grimper à 50 000$ par dossier. C'est ainsi que le Québec, selon le gouvernement fédéral, a économisé entre 84 et 260 millions de dollars par année avec cette mesure.

- Avec la collaboration de William Leclerc