Il y aura un sénat élu au Canada et le registre des armes de chasse sera aboli, a promis Stephen Harper dimanche devant des centaines de partisans réunis à Ottawa pour célébrer ses cinq années au pouvoir, et par le fait même, les accomplissements de son gouvernement.

En compagnie de sa femme et de quelques ministres, M. Harper a soutenu qu'en 2011, le Canada est devenu sous sa gouverne un pays plus uni, plus prospère et plus sûr.

Le 23 janvier 2006, en livrant son discours à Calgary peu après sa victoire électorale, M. Harper s'était exclamé: «Notre grand pays vient de voter pour le changement».

Cinq ans plus tard, le premier ministre se targue d'avoir réformé bien des choses, malgré une situation de gouvernement minoritaire.

«En 2006, les gens nous donnaient le mandat de changer les choses et de brasser Ottawa, a rappelé Stephen Harper. Nous avons tenu parole, nous avons conservé leur confiance et nous avons réalisé nos promesses.

Stephen Harper a rappelé qu'en 2006, les citoyens avaient perdu foi en leur gouvernement, que les forces armées canadiennes avaient été abandonnées et qu'au Québec, le soutien à l'indépendance de la province montait en flèche.

Dans un discours d'une trentaine de minutes, le premier ministre a affirmé que le gouvernement est maintenant plus propre et responsable qu'il ne l'était lorsque les conservateurs ont repris le pouvoir au pays après les écarts des libéraux, notamment le scandale des commandites.

Et en cette période de spéculations électorales, le discours du premier ministre a par ailleurs donné un avant-goût de ses priorités, si scrutin il y a.

Le maintien des baisses d'impôts aux entreprises pour favoriser l'emploi, la continuité des actions vigoureuses pour réprimer le crime et les achats d'équipement militaire sont toutes des priorités qui permettront aux conservateurs de se distinguer des libéraux, qui ont été de constants critiques sur ces sujets lors de la dernière session parlementaire.

Sur une scène remplie de citoyens de tous âges et de toutes origines, le premier ministre a vanté d'un ton enjoué ses réalisations en matière d'économie, réitérant que les baisses d'impôts aux entreprises a permis de créer de nombreux emplois et que la réduction de deux points de pourcentage de la TPS sous son gouvernement a permis aux Canadiens de mieux s'en sortir.

«Les familles paient moins d'impôts qu'il y a cinq ans, lorsque nous sommes devenus le gouvernement», s'est félicité le premier ministre en dressant son bilan.

Mais il a cru aussi bon de rappeler que son gouvernement n'avait pas réussi à accomplir certaines choses en raison de son statut minoritaire.

«Mais nous n'avons pas oublié», a-t-il lancé.

«Juste en passant, un jour, rappelez-vous, il y aura un sénat élu et nous nous débarrasserons du ruineux registre des fusils de chasse», a affirmé M. Harper d'un ton combatif.

Récupérant ainsi un sujet accrocheur pour ses troupes, elles ont d'ailleurs réagi avec enthousiasme à cette perspective. Lors d'un vote excessivement serré aux Communes en septembre, un projet de loi d'une députée conservatrice pour abolir l'obligation d'enregistrer les armes de chasse avait été défait.

Se projetant plus loin vers l'avenir, M. Harper a déclaré que son parti allait travailler encore plus fort pour améliorer la vie des Canadiens, et rendre le pays à l'image de la version anglaise de l'hymne national canadien «fort et libre».

En reprenant le thème de la loi et de l'ordre qui lui est cher, le premier ministre a indiqué qu'il avait bien l'intention de continuer à combattre le crime, et que l'argent dépensé pour enlever les criminels des rues en vaut bien la chandelle.

M. Harper a de plus affirmé que depuis cinq ans, le Parti conservateur est devenu le premier choix des immigrants et des nouveaux arrivants, une popularité due notamment à ses politiques pour combattre le trafic d'êtres humains et aussi parce qu'il a gardé les portes du Canada ouvertes lors de la récession économique.

Amplement courtisés par les conservateurs, ils étaient d'ailleurs présents en bon nombre dans la salle du centre de conférence dimanche après-midi et ont offert à ce moment à Stephen Harper sa plus grande ovation.

Parmi les réalisations conservatrices relevées par le premier ministre dans son discours, la «reconnaissance de la nation québécoise dans un Canada uni», mentionnée uniquement en français, n'a suscité aucune réaction dans l'assistance.

Au-dessus des immenses drapeaux canadiens qui décoraient la salle, deux écrans géants projetaient des images du premier ministre autour du monde pendant son règne, en présence de chefs d'État, de citoyens canadiens et de vedettes comme Céline Dion.

À l'extérieur du centre de conférence, une trentaine de manifestants ont accueilli les partisans conservateurs, dont des anciens employés de Nortel qui reprochent au gouvernement la disparition de leur fonds de pension et d'autres - ensanglantés - qui protestaient contre la chasse au phoque.