Le premier ministre Stephen Harper a annoncé vendredi un contrat de 640 millions $ sur 10 ans pour Bell Helicopter Textron à Mirabel et Calgary.

Le contrat, qui devrait permettre de maintenir quelque 300 emplois dans ces deux villes pour une période de 10 ans, consiste à entretenir et réparer les hélicoptères Griffon CH146 du Canada. Il comprend la fourniture de pièces, le soutien et le génie, de même que l'entretien et la réparation de ces hélicoptères en service au pays depuis 1995.

Ces appareils sont utilisés pour des opérations de sauvetage, de recherche, de surveillance et de lutte antidrogue, notamment.

Le premier ministre a fait cette annonce dans une véritable ambiance de campagne électorale, entouré de plus d'un millier de travailleurs de l'usine à Mirabel et du maire Hubert Meilleur, devant un hélicoptère et un énorme drapeau du Canada.

Plus tôt dans la journée, avant de se rendre à Mirabel, il avait visité une autre usine du secteur aérospatial, celle de la compagnie Héroux-Devtek à Dorval, qui fabrique des composantes du chasseur F-35.

Il en a profité pour accuser l'opposition libérale de jouer à un jeu de politique partisane néfaste pour l'industrie aérospatiale du Québec en songeant à annuler le contrat des chasseurs F-35 pour l'armée canadienne.

«Annuler ce contrat serait irresponsable», s'est-il exclamé.

Il a même invité les travailleurs de l'entreprise et ses dirigeants à l'aider à faire comprendre aux partis d'opposition que ce contrat était nécessaire et représentait des retombées économiques importantes pour toute l'industrie aérospatiale canadienne, particulièrement pour le Québec et la région de Montréal.

«Les partis d'opposition doivent cesser de faire de la politique partisane avec ce contrat», a-t-il lancé, invitant les représentants de ces partis à «penser aux conséquences pour les travailleurs, leurs familles» et toute l'industrie aérospatiale.

«C'est un gouvernement libéral qui a choisi le F-35 il y a maintenant 14 ans et nous avions appuyé cette décision à l'époque parce que c'était la bonne décision à prendre. Et au cours des 14 dernières années, tous les gouvernements qui se sont succédé ont activement participé au développement de ce chasseur ultra-moderne. Tous les gouvernements ensemble ont investi plus de 150 millions $ dans ce projet», a justifié le premier ministre Harper.

Il a encore une fois vanté le choix de l'avion F-35, qui doit remplacer les CF-18 qui arriveront à la fin de leur vie utile entre 2017 et 2020.

Les retombées du contrat au Canada pourraient atteindre 12 milliards $, a souligné le premier ministre Harper. «Imaginez maintenant ce que 12 milliards $ représentent en nombre d'emplois», a-t-il dit aux travailleurs d'Héroux-Devtek qui l'entouraient lors de son allocution dans l'usine.

Le gouvernement fédéral affirme que depuis 2002, la participation du Canada au programme d'avions de combat interarmées (ACI) a permis d'octroyer 350 millions $ de contrats à 60 entreprises, universités et laboratoires de recherche au Canada.

Néanmoins, dans son édition de vendredi, le quotidien Le Devoir indiquait que le Québec ne reçoit que 40 pour cent des contrats pour l'industrie aérospatiale, bien qu'il représente 55 pour cent de cette industrie au pays.

À Mirabel, le premier ministre n'a pas répondu directement à la question de savoir si le Québec avait sa juste part des contrats dans l'aérospatiale. «Nos investissements dans ce secteur sont sans précédent à travers le pays. La distribution des contrats et les retombées économiques sont déterminées par des forces concurrentielles du marché.» Et il s'est dit convaincu que dans ce contexte, l'industrie du Québec tirerait son épingle du jeu.

Le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé, a précisé que le contrat des F-35 représentait pour son entreprise 125 emplois par année pendant 20 ans.

Il n'a toutefois pas voulu emboîter le pas du débat politique face à ce contrat. «Je ne fais pas de la politique; je suis un homme d'affaires», a-t-il répondu aux journalistes qui l'interrogeaient à ce sujet, après l'allocution de M. Harper.

Il a toutefois laissé entendre que c'est par son savoir-faire que son entreprise décrochera des contrats, non par des choix politiques. «On va obtenir notre juste part des contrats en étant compétitifs. Les retombées industrielles, il faut les gagner, dans tous les scénarios. Il faut gagner ces contrats-là de façon compétitive», a dit M. Labbé.

Opposition libérale

Du côté de l'opposition libérale, on a repoussé les critiques du gouvernement conservateur, affirmant qu'il surestimait les retombées de 12 milliards $ du contrat du F-35. Ces estimations, affirme le porte-parole libéral pour ce dossier, Marc Garneau, sont «gonflées» et «sans fondement».

«Sans aucune explication, ils ont fait passer l'estimation en avantages régionaux de 5 à 12 milliards $, alors que le Pentagone estimait à l'origine la part du Canada à seulement 3,9 milliards $», a commenté M. Garneau, par voie de communiqué.

Les libéraux, dit-il, souhaiteraient interrompre le processus actuel sans appel d'offres et le remplacer par un système plus concurrentiel, afin de s'assurer que les Canadiens en aient le plus possible pour leur argent.