Les dépenses des sénateurs ont été rendues publiques pour la première fois, cette semaine. L'exercice, qui sera dorénavant repris tous les trois mois, se veut une tentative de transparence de la Chambre haute.

Les données publiées sur le site web du Parlement ont ainsi permis de confirmer que le sénateur québécois Raymond Lavigne, banni de son caucus et de l'enceinte du Sénat en attendant une décision judiciaire sur des accusations criminelles, continue à réclamer des frais de toutes sortes aux contribuables canadiens.

Au cours des trois derniers mois, M. Lavigne a demandé le remboursement de plus de 7000$ en frais de déplacement et de près de 5000$ en frais de subsistance et de logement à Ottawa. Ces sommes s'ajoutent à son salaire de plus de 130 000$ par année.

Le sénateur et ancien député de Verdun n'a pas rappelé La Presse. La première page de son site web personnel affiche tout de même une explication: «Selon le règlement du Sénat du Canada, le sénateur Raymond Lavigne participe à des engagements publics à travers le pays», peut-on lire.

La page «engagements publics» de son site contient entre autres des photos de l'ouverture d'un magasin IGA et de sa rencontre avec des artistes québécois, lors de leur visite au Parlement il y a quelques semaines.

M. Lavigne fait face à des accusations de fraude, d'abus de confiance et d'entrave à la justice. Il aurait notamment chargé un adjoint de couper des arbres sur sa propriété de Wakefield, en Outaouais. Un jugement devrait être rendu d'ici un mois.

Nominations de Harper

Les sénateurs nouvellement nommés par Stephen Harper ne brillent pas davantage pour leur frugalité, au contraire. Pourtant, le premier ministre s'est toujours montré critique quant à la pertinence de l'institution.

Ainsi, la sénatrice aux dépenses les plus élevées lors du dernier trimestre (1er septembre au 30 novembre) est l'une de ses nominations: Elizabeth Marshall, avec un total de près de 85 000$. Dans son cas, ce sont les frais de déplacement hebdomadaires entre Ottawa et sa province de Terre-Neuve qui ont coûté cher: 50 000$. Jointe par La Presse, elle n'a pas été en mesure d'expliquer pourquoi ils étaient à ce point considérables.

De même, le sénateur québécois qui affiche les dépenses les plus élevées a aussi été nommé par Stephen Harper. Pierre-Hugues Boisvenu a dépensé près de 56 000$.

À son bureau, on a expliqué que ses fonctions de porte-parole francophone du gouvernement Harper en matière de justice l'amenaient à se déplacer énormément. On a aussi fait valoir que M. Boisvenu, ancien haut fonctionnaire à Québec, verse tout son salaire de sénateur au groupe qu'il a cofondé: l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues du Québec.

Enfin, Bert Brown, sénateur élu en Alberta et militant de longue date du «Sénat triple-E» (égal, élu, efficace), nommé à la Chambre haute en 2007 par le premier ministre Harper, figure lui aussi parmi les plus dépensiers, si l'on se fie aux rapports rendus publics. Le sénateur Brown ne nous a pas rappelés.

Les limites de dépenses pour les frais de subsistance et de logement sont de 20 000$ par année, tandis que les frais de bureau ne doivent pas dépasser 154 200$, ce qui inclut 5000$ de frais d'«hospitalité». Quant aux frais de déplacement, ils sont comptabilisés par un système complexe de points, que le comité de la régie interne s'est engagé à modifier.

Dépenses les plus élevées pour un sénateur :

Elizabeth Marshall, sénatrice conservatrice de Terre-Neuve-et-Labrador

> Frais de bureau : 27 187 $

> Frais de subsistance dans la capitale : 3 188 $

> Déplacements réguliers : 54 410 $

Total : 84 785 $

Dépenses les plus élevées pour un sénateur du Québec :

Pierre-Hugues Boisvenu, sénateur conservateur du Québec

> Frais de bureau : 36 996 $

> Frais de subsistance dans la capitale : 7 418 $

> Frais de déplacement $ : 12 036 $

Total : 56 450 $