Continuité ou préparation en vue d'une éventuelle campagne électorale: c'est finalement un remaniement mineur de son cabinet qu'a annoncé le premier ministre Stephen Harper mardi, au grand dam de l'opposition, qui s'attendait à de plus grands changements.



Sans surprise, le candidat-vedette des dernières élections partielles automnales, Julian Fantino, a fait son entrée au Conseil des ministres. L'ex-commissaire de la Police provinciale de l'Ontario et ancien chef de police de Toronto obtient toutefois un poste de ministre junior: il sera responsable des aînés.

Celui qui a réussi à faire tomber le bastion libéral de Vaughan, en banlieue de Toronto, à la fin novembre, remplacera ainsi Diane Ablonczy, qui devient ministre d'État des Affaires étrangères, responsable des Amériques et des affaires consulaires.

Elle remplace à ce poste Peter Kent, qui lui aussi est promu: l'ex-présentateur de télévision devient le quatrième ministre de l'Environnement en cinq ans, - en excluant le fait que John Baird a occupé cette fonction à deux reprises.

C'est d'ailleurs le départ précipité de Jim Prentice, qui a quitté en novembre dernier son poste de ministre de l'Environnement pour le monde bancaire, qui a forcé ce remaniement, que le premier ministre Harper a voulu placer sous le signe de la continuité.

«J'ai une équipe qui travaille depuis des années maintenant sur les problèmes de la récession mondiale. Je pense que maintenant, c'est le temps de maintenir le cap et pas de faire de grands changements, a souligné M. Harper. Le gouvernement veut gouverner, maintenir l'accent sur l'économie et c'est pour cette raison que je n'apporte que des changements mineurs, pour que les ministres continuent le travail qu'ils font dans leurs dossiers respectifs.»

Toujours dans le but de faire de l'économie sa priorité, le premier ministre crée un nouveau poste de ministre d'État aux Finances, qu'il confie au député albertain Ted Menzies, qui était jusque-là secrétaire parlementaire du ministre des Finances, Jim Flaherty.

La place du Québec

Aucun des cinq ministres du Québec n'a été touché par ce remaniement. Christian Paradis (Ressources naturelles), Lawrence Cannon (Affaires étrangères), Jean-Pierre Blackburn (Anciens combattants), Josée Verner (Affaires intergouvernementales) et Denis Lebel (Agence de développement du Canada pour les régions du Québec) demeurent en poste, dans une réorganisation des cartes qui ne comprend aucune rétrogradation.

Bien que le premier ministre ait répété, mardi, ne pas vouloir d'élections dans les prochains mois, pour les partis de l'opposition, ce remaniement est le signe clair que les troupes conservatrices se préparent justement à un scrutin printanier.

«Lentement mais sûrement, M. Harper est en train d'établir sa stratégie politique pour la prochaine campagne électorale», a estimé le député du Bloc québécois, Mario Laframboise.

«Il est en train de valoriser la couronne de Toronto. C'est un choix politique qu'il fait», a-t-il ajouté, en référence à la promotion et la nomination au Conseil des ministres de deux députés de la banlieue nord de la métropole ontarienne.

Pour le leader adjoint du NPD, Thomas Mulcair, la promotion de deux députés albertains est aussi un geste préélectoral significatif.

«M. Harper envoie le signal très clair que sa province, l'Alberta, c'est sa priorité et qu'il est en train de travailler très fort dans la couronne de Toronto. L'Ouest canadien et Toronto font partie de ses priorités et le Québec n'en fait plus partie», a souligné M. Mulcair.

Certains ministres auraient mérité, selon les libéraux de Michael Ignatieff, de «bénéficier d'un changement de carrière». Dans une longue liste de récriminations, le député libéral Marcel Proulx cite au passage le déficit record engrangé par Jim Flaherty aux Finances, l'abolition du questionnaire détaillé du recensement par le ministre Tony Clement et l'échec de la tentative d'obtention d'un siège au Conseil de sécurité de l'ONU par le ministre Lawrence Cannon.