Larry Smith passe du football à la politique. Le premier ministre Stephen Harper a annoncé la nomination au Sénat de l'ancien joueur et président des Alouettes de Montréal, lundi.



Mais cette expérience sénatoriale pourrait être de courte durée: une source a confirmé à La Presse que M. Smith sera candidat conservateur aux prochaines élections dans la circonscription de Lac-Saint-Louis, dans l'ouest de Montréal. Il tentera de déloger le député libéral Francis Scarpaleggia.

Les stratèges du premier ministre Harper espèrent ainsi prendre pied dans l'île de Montréal et jouer le même tour au libéraux qu'ils leur ont joué dans la région de Toronto, il y a quelques semaines, lorsqu'ils ont fait élire un candidat vedette (Julian Fantino) dans l'un de leurs châteaux forts.

Ils souhaitent aussi éviter de répéter l'erreur commise en 2006, quand Stephen Harper, dès son accession au pouvoir, avait nommé l'avocat et homme d'affaires montréalais Michael Fortier au Sénat puis ministre non élu, une décision qui avait été sévèrement critiquée. M. Fortier a abandonné la politique après avoir échoué dans sa tentative de se faire élire dans Vaudreuil-Soulanges en 2008.

Deux nominations et une majorité

En attendant d'être élu - peut-être à des élections générales au printemps - M. Smith siégera à la Chambre haute en même temps que le révérend Don Meredith, un pasteur de la banlieue de Toronto dont le premier ministre a aussi annoncé la nomination, lundi. M. Meredith serait très engagé auprès des communautés culturelles et des jeunes de la métropole, notamment pour combattre la criminalité.

Les deux hommes devraient commencer le gros de leur travail à la rentrée parlementaire, fin janvier.

Larry Smith, 59 ans, ancien centre droit des Alouettes, a aussi été commissaire de la Ligue canadienne de football de même que président et éditeur du quotidien The Gazette. Il a annoncé sa démission de la présidence du club de football montréalais en novembre.

M. Smith remplacera le sénateur libéral et comédien Jean Lapointe, qui a tiré sa révérence au début de mois de décembre. M. Meredith prendra le siège de Peter Stollery, un sénateur libéral de l'Ontario.

Ces deux nominations portent à 54 le nombre de sénateurs conservateurs, dont le président Noel Kinsella. Les troupes de Stephen Harper dominent plus que jamais celles de Michael Ignatieff, qui en comptent 46. Le reste des sièges est occupé par deux indépendants, deux progressistes-conservateurs et un libéral qui n'a plus droit de vote, Raymond Lavigne.

Dans un communiqué, le premier ministre a précisé que les deux nouveaux sénateurs s'étaient «engagés à soutenir les efforts du gouvernement visant à rendre le Sénat plus démocratique et responsable, et notamment ses projets de loi sur la limitation de la durée du mandat des sénateurs et l'élection par les provinces de leurs sénateurs».

M. Smith, quant à lui, a donné quelques entrevues, mais il a révélé peu de détails sur ses projets d'avenir, se limitant à dire qu'il a pour l'instant beaucoup de choses à apprendre. «Tout le monde essaie de me positionner comme Michael Fortier», a-t-il lancé en riant, lors d'un entretien avec La Presse.

«Honnêtement, je n'ai pas de commentaire à faire là-dessus, a-t-il ajouté. Pour l'avenir en politique, nous allons regarder cela très attentivement dans les mois qui viennent. Mais maintenant, j'en ai plein mon assiette.»

Il fera un discours à Pointe-Claire ce soir, au cours d'un rassemblement politique organisé par l'association conservatrice de la circonscription de Lac-Saint-Louis.

- Avec William Leclerc et Joël-Denis Bellavance