Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, croit qu'un changement est en train de s'opérer au Québec en faveur de son parti et il continue d'en faire une grande priorité pour 2011.

En dressant son bilan de l'année, le chef ne manque pas de souligner qu'il a terminé 2010 sur une bonne note au Québec: un récent sondage a conclu que son parti est à égalité au deuxième rang avec les libéraux dans les intentions de vote des Québécois, devançant les conservateurs, mais derrière le Bloc québécois.

«J'aime ça parler du Québec maintenant!», a-t-il lancé à la blague, se réjouissant des résultats du sondage.

Selon lui, les politiques du NPD correspondent aux valeurs et intérêts des Québécois, comme ses projets de loi pour le bilinguisme des juges à la Cour suprême, la langue de travail dans la fonction publique fédérale et les mesures économiques pour favoriser les familles et les chômeurs.

Mais le parti ne compte toujours qu'un seul député élu au Québec, soit Thomas Mulcair, un politicien bien connu qui représente la circonscription montréalaise d'Outremont.

«Quelque chose est en train de bouger pour nous au Québec», a-t-il affirmé d'un ton senti.

«De plus en plus de Québécois sont ouverts à nous. On le voit sur le terrain», a relevé le chef.

M. Layton admet cependant qu'il y encore du travail à faire auprès de la population québécoise et que malgré la progression constante de la popularité du parti, il reste encore à «sceller l'accord» avec elle.

«On veut faire les «conditions gagnantes» pour le Canada, au Québec», a-t-il souligné avec un large sourire, recyclant à la sauce néo-démocrate l'expression de l'ancien premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, qui l'utilisait pour décrire le moment opportun de tenir un autre référendum sur la souveraineté.

Réexaminant un sujet chaud de l'année, M. Layton rejette toute suggestion selon laquelle le débat sur le registre des armes à feu aurait affecté sa popularité auprès des Québécois.

Jack Layton a été dans l'eau chaude avant un vote cet automne à la Chambre des communes sur un projet de loi qui visait à démanteler le registre, puisqu'il était le seul chef qui n'imposait pas à ses troupes de voter en bloc.

L'enregistrement des fusils de chasse a été sauvé de justesse - par deux voix seulement - alors qu'une bonne partie de la population québécoise s'y disait favorable. Avant même le vote, plusieurs groupes militant pour son maintien intégral avaient annoncé leur intention de blâmer le chef néo-démocrate en cas d'échec.

Mais Jack Layton ne fera pas un examen de conscience sur cette question. «Le registre n'a pas été démantelé», s'est-il contenté de répondre aux questions portant sur l'impact de ce débat sur son Parti. Avec le recul, il maintient avoir fait ce qui était nécessaire, préférant construire un consensus sur le registre.

Le chef du NPD prédit que le prochain siège gagné par le NPD au Québec sera celui de Gatineau, où la candidate néo-démocrate Françoise Boivin pourrait déloger le bloquiste Richard Nadeau.

Il promet d'ailleurs des candidats vedettes et bien connus dans la province pour les prochaines élections, puisque le NPD réalise que ses politiques ne pourront être mises de l'avant sans une forte présence au Québec.

Jack Layton ne souhaite pas pour autant des élections en 2011. Sa préférence est de collaborer avec les autres partis pour faire fonctionner le Parlement, affirme-t-il.

Le gouvernement conservateur s'est pourtant montré peu coopératif en 2010, estime le chef, ce qui finit par lui faire dire qu'à défaut de coopération en 2011, il y aura bel et bien des élections fédérales.

«On est plus prêts pour des élections qu'on ne l'a probablement été dans les 25-30 dernières années», affirme-t-il.

Pourtant, les néo-démocrates n'ont pas juste de la difficulté à percer au Québec: ils ont été les perdants des dernières élections partielles de novembre, perdant même une de leurs circonscriptions au Manitoba.

Mais M. Layton ne se démonte pas: il minimise les pertes en soulignant qu'il ne s'agissait que d'une élection partielle, sujette à des considérations très locales, contrairement aux élections générales.

Le chef, qui se bat contre le cancer diagnostiqué en 2010, affirme que sa santé vaLe NPD continue de faire du Québec une de ses priorités pour 2011 bien.

Niant rester en place pour ne pas affaiblir son parti, il a fermement l'intention d'être à la tête de ses troupes aux prochaines élections, affirmant même qu'il briguera à nouveau la direction si les militants souhaitent une course l'été prochain.

«Je veux rester, a-t-il lancé d'un ton assuré. Sans aucun doute».