Le premier ministre Stephen Harper a personnellement approuvé une note de 7400 $ pour désaltérer les membres du Conseil privé, et ce, environ trois mois après avoir annoncé des compressions pour les frais d'hospitalité des ministères de son gouvernement.

La signature de Stephen Harper est apposée sur un formulaire d'autorisation qui date du 26 août. M. Harper devait donner le feu vert pour les dépenses en prévision d'une rencontre du Conseil privé  - le ministère du premier ministre.

La séance de discussion ouverte a eu lieu le 13 septembre 2010 à l'hôtel Westin du centre-ville d'Ottawa. La location de la salle de conférence s'élevait à environ 5000 $ de l'heure.

Ce style de rencontres (les «town hall meetings») a été mis de l'avant par les conservateurs en 2006. Et depuis, les coûts nécessaires à leur organisation ont explosé, passant de 19 000 $ à 42 000 $.

Les documents détaillant les coûts de cette rencontre ont été obtenus par La Presse Canadienne en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information.

En 2009, lors du dépôt du budget, un gel de deux ans a été imposé à tous les ministères pour les dépenses de voyages, de conférences et les frais d'hospitalité.

Et la semaine dernière, le président du Conseil du Trésor, Stockwell Day, a resserré les règles en annonçant des directives encore plus strictes qui toucheront l'ensemble du gouvernement à compter de 2011.

«Compte tenu de la fragilité actuelle de l'économie dans le monde, les familles canadiennes examinent rigoureusement leurs dépenses, établissent des priorités et font des choix difficiles. Elles s'attendent à ce que leur gouvernement fasse de même», avait déclaré Stockwell Day, le 24 novembre.

Lorsqu'on lui avait demandé, en conférence de presse, de donner un exemple de dépense inappropriée en matière de frais d'hospitalité, M. Day avait parlé d'une rencontre organisée par Statistique Canada, qui avait coûté 31 500 $. Environ 400 personnes y avaient été conviées.

«Nous croyons qu'il ne s'agit pas d'un bon message à envoyer», avait-il dit au sujet des dépenses encourues pour cette rencontre organisée le 9 mai 2005 - au moment où Paul Martin était premier ministre.

Or, cet événement est très similaire à la séance de discussion ouverte qui a eu lieu le 13 septembre, et qui devait réunir quelque 600 fonctionnaires et coûter 47 158$, selon les estimations budgétaires du bureau du Conseil privé.

Mais selon un porte-parole du bureau du Conseil privé, la facture totale de la soirée s'est finalement élevée à 42 077$, en partie parce que les frais d'hospitalité pour «café, thé, jus embouteillé et pâtisseries» n'ont coûté que 6520$.

Raymond Rivet, n'a pu confirmer le nombre exact d'invités qui se sont présentés à la rencontre. Cependant, si les 600 personnes s'y sont rendues, les coûts par personne ont atteint 70 $, comparativement aux 79 $ qu'il en avait coûté pour l'événement de Statistique Canada qui, selon Stockwell Day, envoyait un mauvais message à la population.