Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a qualifié dimanche de d'«irresponsable» et de «lamentable» la publication de documents du gouvernement américain qui ont été obtenus par le site WikiLeaks. Le gouvernement du Canada, quant à lui, se prépare à découvrir ce que les Américains ont bien pu dire à son sujet.

Cette fuite n'est en rien favorable aux intérêts nationaux des pays en plus de «constituer une menace à la sécurité nationale», a déclaré M. Cannon par voie de communiqué, dimanche.

Le ministre a réagi après que plusieurs journaux eurent commencé à publier les câbles diplomatiques américains obtenus par le site dénonciateur WikiLeaks. Peu après avoir été diffusés dans les journaux, ils étaient disponibles sur le site Internet wikileaks.org.

Les documents traitent de plusieurs dossiers internationaux, de la libération des prisonniers incarcérés à Guantanamo jusqu'aux capacités militaires de l'Iran, en passant par les excentricités du leader lybien Mouammar Khadafi ou par les efforts d'espionnage des Américains basés à l'ONU, qui tentent d'en savoir plus sur des représentants des Nations unies.

Mais le Canada est aussi largement évoqué dans ces documents.

En fait, 1948 communications diplomatiques provenant de représentants américains basés à Ottawa et des centaines d'autres émanant de divers consulats semblent figurer parmi les documents coulés, selon les données publiées par le journal britannique The Guardian.

En fin de journée, dimanche, WikiLeaks a confirmé qu'environ 2648 documents concerneraient le Canada.

La grande majorité de ces câbles diplomatiques ne devraient pas être rendus publics avant la fin de la semaine, mais le site a déjà laissé entendre qu'il pourrait être question de sujets extrêmement variés: le contrôle des armes à feu, la couverture médiatique de la CBC, la technologie, Haïti, les applications militaires du nucléaire, les affaires provinciales et la Syrie.

Parmi les documents publiés dimanche, l'un des seuls concernant le Canada décrivait une rencontre ayant eu lieu en septembre 2009. Le représentant canadien à Kandahar, Ben Rowsell, assistait à cette réunion en compagnie d'un important diplomate américain et le chef du conseil provincial de Kandahar, Ahmed Wali Karzai (le frère du président Hamid Karzai).

M. Rowsell avait été invité à se prononcer sur la crédibilité des élections afghanes.

Selon le document, Ahmed Wali Karzai aurait déclaré que la démocratie était quelque chose de nouveau pour les Afghans et que les gens de la région ne voyaient pas l'utilité d'organiser une élection - et encore moins deux.

«Les gens n'aiment pas le changement, a-t-il dit. Ils se disent que le président est vivant et que tout va bien. Pourquoi organiser une élection?»

Lors d'une autre rencontre avec le même diplomate des États-Unis, Ahmed Wali Karzai avait clamé son innocence face aux allégations de trafic de drogue qui pesaient sur lui. Il s'était dit prêt à se soumettre au test du détecteur de mensonges pour le prouver.