Si aux Communes la ministre responsable de la région de Québec a tenté de tempérer les inquiétudes quant au financement d'un nouvel aréna dans la Vieille Capitale, le ministre des Finances, lui, a prévenu à quelques mètres de là qu'il fallait faire preuve de cohérence.

Au moment où le pays accuse son plus important déficit, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a souligné que le Canada devait se munir d'une politique nationale sur les infrastructures sportives avant que le gouvernement fédéral ne se mette à financer des arénas.

Car le gouvernement ne peut pas accorder de financement à un seul projet au pays et pas aux autres, a plaidé le ministre, à sa sortie d'un comité parlementaire.

«La seule façon de procéder, c'est avec une politique nationale, pas une politique de cas unique», a fait valoir M. Flaherty, à l'heure du midi mardi.

M. Flaherty n'a cependant pas indiqué si son gouvernement se penchait ou non sur une telle politique.

Le sort de l'amphithéâtre multifonctionnel de Québec, espéré par la Ville et la province, a été remis en cause, cette semaine, alors qu'Ottawa a refusé de financer la candidature de la ville d'Edmonton à l'Expo 2017.

Certains s'inquiètent maintenant de voir le même sort réservé à un nouveau colisée, car le gouvernement fédéral plaide depuis des mois que s'il finance une installation sportive il le fera de façon «juste et équitable» à travers le pays.

En d'autres mots, il ne pourrait financer un projet à Québec tout en refusant un projet dans une autre province.

Et la ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, a réitéré ce discours, à la Chambre des communes mardi après-midi, en rappelant que ce projet devait être financé de façon «substantielle» par le secteur privé.

«Si le gouvernement fédéral devait s'intégrer dans le financement du projet, il le ferait de façon équitable et abordable, et ce, à travers le pays», a répété Mme Verner.

Aux Communes, la ministre soutient depuis des semaines que le dossier progresse et que la décision n'a pas encore été prise.

Mais son collègue des Finances a fait valoir, à sa sortie du comité des finances, que le gouvernement conservateur ne financerait pas d'installations sportives sans une politique nationale, qui s'appliquerait au pays entier.

«Sans amphithéâtre, c'est la croissance économique de Québec qui risque d'être compromise», a lancé le bloquiste Michel Guimond, en Chambre.

Le secteur privé aurait réuni «au moins 13 millions $» avec le regroupement «J'ai ma place», selon M. Guimond. «Il ne manque que la contribution du fédéral», a-t-il soutenu.

Mi-septembre, le premier ministre du Québec, Jean Charest, avait annoncé être prêt à financer 45 pour cent des coûts de la construction d'un nouvel amphithéâtre, estimés à 400 millions $. Et M. Charest avait indiqué s'attendre à un financement à hauteur égale de la part du gouvernement fédéral, tandis que la Ville de Québec fournirait 50 millions $.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, attend toujours la réponse d'Ottawa, quant à la contribution de 180 millions $ qui lui est demandé, a rappelé le Bloc québécois. Le maire a demandé une réponse au plus tard le 31 décembre, pour dresser son dossier en vue d'une candidature aux Jeux olympiques.

Les bloquistes ont donc demandé, en vain, aux conservateurs s'ils prévoyaient fournir la réponse avant la date d'échéance et si le premier ministre Stephen Harper allait rencontrer le maire de Québec, comme il avait été promis.

Pour le leader du parti, Gilles Duceppe, le gouvernement doit être équitable envers ce qui a été fait dans le passé. Et comme certaines villes ont déjà eu droit aux sous du fédéral pour construire des infrastructures sportives, dans l'espoir d'accueillir des Jeux olympiques, Québec devrait bénéficier du même traitement, a-t-il argué à sa sortie de la Chambre.

M. Duceppe a affirmé ne pas s'inquièter outre mesure suite au revers qu'a subi Edmonton, puisque la ville réclamait une contribution de 700 millions $ au fédéral pour sa candidature à un événement international, et non uniquement pour un projet d'infrastructure.

Edmonton s'est vu refuser le financement réclamé parce que le projet était trop cher au goût du fédéral, d'autant plus que les 700 millions $ réclamés ne comptaient pas les frais engendrés par la sécurité de l'événement, ce qui aurait fait gonfler la facture à près d'un milliard de dollars, selon Ottawa.