Après la France et la région autonomiste de la Catalogne, le chef du Bloc québécois visitera lundi l'Écosse, où un parti indépendantiste est au pouvoir depuis 2007. Gilles Duceppe cherche-t-il des appuis internationaux pour un Québec indépendant? Qu'a-t-il retiré de sa rencontre avec des indépendantistes européens? A-t-il mal choisi son moment pour vanter la cause souverainiste? La Presse s'est entretenue avec lui hier alors qu'il était à Barcelone.

Q À la satisfaction des mouvements séparatistes, la Cour internationale de justice a jugé l'été dernier que la déclaration d'indépendance du Kosovo en 2008 était légale. Le Kosovo a été reconnu jusqu'à présent par 37% des membres de l'ONU. Préparez-vous le terrain pour une reconnaissance internationale advenant la souveraineté du Québec?

R Je ne m'attends pas à ce que des partis politiques étrangers prennent position sur l'indépendance du Québec avant même que les Québécois ne le fassent. Comme les chefs des autres partis le font de leur côté, j'établis des relations dans des nations qui partagent des similitudes avec le Québec. Pour ce qui est de la décision sur le Kosovo, elle n'est pas la première à reconnaître le droit des nations démocratiques de définir leur avenir. La Cour suprême du Canada a statué qu'en cas de sécession du Québec, le Canada devait négocier de bonne foi avec lui. C'est sans compter plusieurs conventions internationales qui reconnaissent le droit à l'autodétermination des peuples.

Q Après Paris, où vous avez établi des relations officielles avec le parti UMP de Nicolas Sarkozy, vous avez prononcé un discours à l'Université ouverte de Catalogne à Barcelone. Qu'avez-vous appris en Catalogne, cette région de l'Espagne qui a voté «Oui» en 2006 pour une plus grande autonomie?

R Les similarités entre le Québec et la Catalogne sont frappantes. Prenons la question linguistique. Un tribunal d'Espagne vient d'invalider la volonté de rendre obligatoire l'usage du catalan dans les écoles. Chez nous, la Cour suprême s'est aussi souvent immiscée dans notre politique linguistique. J'ai aussi discuté d'immigration avec les nationalistes du Parti Convergence démocratique, une question qui s'imposera à un Québec souverain. Ceci dit, la Catalogne cherche à être autonome plutôt que souveraine. Nous devons apprendre les uns des autres.

Q Vous visiterez l'Écosse lundi où les séparatistes du Scottish National Party (SNP) sont au pouvoir. Y serez-vous pour offrir des conseils sur la tenue d'un référendum, un des objectifs du SNP?

R Ce n'est pas à l'ordre du jour. Tisser les liens entre partis, ça se fait étape par étape. Je suis très encouragé de voir les mouvements indépendantistes de l'Écosse et de la Catalogne en si bonne santé. C'est troublant pour ceux qui pensent que cette réalité n'existe plus.

Catalogne, communauté autonome d'Espagne

Population: 7,5 millions

Langues : catalan, espagnol, aranais

Le territoire des Catalans a été conquis en 1714 par le roi Philippe V d'Espagne, qui abolit l'usage de leur langue. La fin du régime franquiste signale le retour d'un parlement catalan à Barcelone en 1978. Dès lors, le mouvement nationaliste prend du galon et le catalan réintègre les institutions publiques. La région dispose de sa propre police, de son système d'éducation et de santé. Un référendum qui accordait plus d'autonomie à la Catalogne, sans toutefois aborder son indépendance, a été approuvé par les Catalans en 2006. Un tribunal espagnol a toutefois jugé ce « oui « inconstitutionnel, entraînant une manifestation d'un million de personnes dans les rues de Barcelone en juillet 2010.

Écosse, province du Royaume-Uni

Population: 5,2 millions

Langues: anglais, gaélique écossais (5% de la population)

L'Écosse a cédé son indépendance en 1707 à la signature du traité qui créa le Royaume-Uni. Le mouvement indépendantiste a connu un regain avec le déclin de l'Empire britannique et la découverte de pétrole dans la mer du Nord dans les années 70. Le nouveau Parlement écossais voit le jour à Édimbourg en 1999. À la tête d'un gouvernement minoritaire depuis 2007, le Scottish National Party a été contraint de reporter son projet de référendum à cause d'un manque d'appuis dans l'opposition. Les prochaines élections auront lieu en mai 2011. En comparaison du Québec, l'Écosse a un pouvoir fiscal très limité, la grande majorité de son budget provenant de Londres.