Le gouvernement Harper sera généreux envers la ville d'Edmonton si elle est choisie par le Bureau international des expositions (BIE) pour accueillir l'Expo de 2017, année qui marquera le 150e anniversaire de la fondation du Canada.

Ottawa évalue sa contribution financière pour permettre à la capitale de l'Alberta d'accueillir le monde pendant trois mois à au moins 600 millions de dollars, a appris La Presse. La facture totale pour organiser cet événement d'envergure internationale est de 2,3 milliards de dollars (en dollars de 2009), selon les calculs des promoteurs de l'Expo à Edmonton. Cette somme devrait être payée par la Ville, la province et Ottawa. Le secteur privé serait invité à contribuer également.

Le ministère du Patrimoine évalue actuellement le mérite de la candidature d'Edmonton. Le gouvernement de l'Alberta s'est résolument rangé derrière les promoteurs de la manifestation en mai. Ces derniers attendent maintenant une réponse du ministre James Moore pour déposer officiellement leur demande au BIE.

Mais les promoteurs s'activent déjà à faire la promotion de la candidature d'Edmonton à l'étranger. Le mois dernier, une demi-douzaine d'entre eux étaient à Shanghai, en Chine, pays hôte de l'Expo 2010, afin de discuter de leur projet et de courtiser les dirigeants du BIE. Le ministre de l'Emploi et de l'Immigration de l'Alberta, Thomas Lukaszuk, a accompagné la délégation.

Les promoteurs ont aussi choisi le thème qu'ils proposent pour l'Expo 2017: l'énergie et notre planète. Il s'agit d'un thème qui reflète la situation particulière de l'Alberta, province productrice d'énergie (pétrole et gaz naturel).

Pour l'heure, deux autres villes seulement ont signifié leur intérêt d'accueillir l'Expo de 2017 - qui serait de trois mois et donc plus courte que celle de Shanghai -, Liège, en Belgique, et Astana, au Kazakhstan. Les représentants des 157 pays membres du BIE voteront à l'automne 2012.

Au cours des 20 dernières années, le Canada a soumis trois fois sa candidature pour organiser une autre exposition après celles de Montréal en 1967 et de Vancouver en 1986, sans succès. Toronto a tenté sa chance deux fois et Calgary a posé sa candidature pour l'Expo de 2005, qui a finalement été accordée à Nagoya, au Japon.

Après Shanghai cette année, le monde se donnera rendez-vous à Yeosu, en Corée du Sud, en 2012, et l'Exposition universelle de 2015 aura lieu à Milan, en Italie. Signe indéniable que le gouvernement canadien souhaite accueillir le monde en 2017 pour marquer de manière spectaculaire le 150e anniversaire de la Confédération, c'est le ministère du Patrimoine qui a invité les villes canadiennes à manifester leur intérêt en écrivant à la Fédération canadienne des municipalités en avril 2009. Mais seulement deux villes canadiennes ont répondu à l'invitation - deux villes albertaines par surcroît -, Edmonton et Calgary. Mais Calgary a retiré sa candidature l'automne dernier.

«En 2017, le Canada célébrera son 150e anniversaire. Edmonton a déposé sa proposition au ministère du Patrimoine pour accueillir une exposition internationale en 2017. Le Ministère évalue la proposition attentivement afin que le ministre puisse prendre une décision à savoir si oui ou non il recommandera que le gouvernement du Canada appuie la proposition de la ville d'Edmonton», peut-on lire dans des notes d'information destinées au ministre James Moore.

Si la candidature d'Edmonton est éventuellement retenue par le BIE en 2012, la Ville de Québec pourrait utiliser cet investissement important d'Ottawa pour convaincre les autorités fédérales de se montrer équitablement généreuses envers son projet, la construction d'un «amphithéâtre multifonctionnel» évalué à 400 millions de dollars.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, s'est engagé à mettre 50 millions dans ce projet et le gouvernement du Québec a promis de payer 45% de la facture totale, soit 180 millions de dollars. M. Labeaume presse le gouvernement Harper de s'engager à payer le reste, également 180 millions.

Mais le gouvernement Harper se fait tirer l'oreille. Il affirme qu'il ne veut pas injecter de l'argent des contribuables dans un tel projet sans une participation «importante» du secteur privé.

M. Harper avait légèrement ouvert la porte à une contribution financière d'Ottawa avant de battre en retraite quelques jours plus tard devant la levée de boucliers dans les provinces de l'Ouest.

Le député bloquiste Michel Guimond, qui presse le gouvernement Harper de participer au financement du projet depuis la reprise des travaux parlementaires, a soutenu hier qu'Ottawa doit traiter le Québec de manière équitable. Si la ville d'Edmonton obtient 600 millions d'Ottawa pour l'Expo de 2017, il ne voit pas comment on pourrait refuser 180 millions à Québec pour un amphithéâtre multifonctionnel, nécessaire pour que la ville puisse soumettre sa candidature pour l'obtention des Jeux olympiques d'hiver de 2022.

- Avec William Leclerc