Le gouvernement Harper s'est mis à dos de nombreux pays alliés depuis quatre ans avec une politique étrangère simpliste qui vise d'abord à faire élire des députés conservateurs à Ottawa, estime le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.

La timidité du gouvernement dans la lutte contre les changements climatiques, son indifférence à l'égard des pays émergents comme la Chine et l'Inde, son appui indéfectible à Israël et sa décision de réduire son aide aux pays d'Afrique expliquent l'échec du Canada à obtenir un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, selon le chef libéral.

Cet échec est un signe indéniable que le Canada doit revoir sa politique étrangère pour redevenir un leader reconnu par la communauté internationale, a affirmé hier M. Ignatieff dans un discours devant le Conseil des relations internationales de Montréal.

«Nous venons d'assister au moment le plus embarrassant pour le Canada sur la scène internationale depuis plus de 60 ans. Le mois dernier, pour la première fois depuis 1948, le Canada a échoué dans sa tentative d'obtenir un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. Pour le Canada, c'est une déception. Pour le monde, c'est un désaveu du Canada et une condamnation claire de notre politique étrangère», a affirmé M. Ignatieff. «Nous ne sommes plus le Canada que nous pensions être. Nous n'avons pas autant d'amis que nous le croyions. Nous n'avons plus ce respect que nous avons si longtemps mérité et tenu pour acquis», a-t-il ajouté.

Fins électoralistes

«Pendant cinq ans, le gouvernement a utilisé la politique étrangère pour faire élire des députés conservateurs. Il a fait de la politique étrangère un prolongement de nos débats internes.»

M. Ignatieff a affirmé que les Canadiens auront bientôt l'occasion de remettre le multilatéralisme, le développement et la diplomatie au coeur de la politique étrangère du pays lorsqu'ils seront convoqués aux urnes.

Selon le chef libéral, le travail pour rétablir la réputation du Canada à l'étranger est énorme. Il a proposé une série de mesures pour y arriver.

- D'abord, le Canada doit redevenir un gardien de la paix dans les coins chauds de la planète: «Le Canada doit remettre son casque bleu», a dit M. Ignatieff avant de souligner que le Canada ne compte que 57 militaires affectés à des missions de l'ONU alors que, dans le passé, on en dénombrait au moins 3000.

- Le Canada doit défendre avec plus de vigueur les droits de ses citoyens à l'étranger, a dit M. Ignatieff. Il a cité les cas d'Omar Khadr à Guantánamo et de Ronald Smith, qui fait face à la peine de mort dans une prison du Montana.

- En matière de lutte contre les changements climatiques, le Canada doit faire sien l'objectif international visant à contenir le réchauffement planétaire à 2°C.

- Au Proche-Orient, le Canada doit revenir à l'attitude plus nuancée qu'il avait avant l'arrivée des conservateurs, selon M. Ignatieff. «Les conservateurs ont voulu diviser les Canadiens sur cette région. L'enjeu n'est pas de savoir qui est le meilleur ami d'Israël. C'est de savoir comment apporter la paix et la sécurité aux Israéliens, aux Palestiniens et à toute la région. (...) Nous appuyons une solution à deux États démocratiques.»