Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, juge impératif de faire un sérieux examen des causes qui ont contribué au cuisant revers qu'a subi le Canada dans sa tentative d'obtenir l'un des deux sièges non permanents au Conseil de sécurité de l'ONU, le mois dernier.

M. Ignatieff profitera d'un important discours devant le Conseil des relations internationales de Montréal, demain, afin de passer en revue les raisons qui auraient poussé certains alliés traditionnels du Canada à lui tourner le dos pour appuyer l'Allemagne et le Portugal lors du vote secret du 12 octobre au siège de l'ONU à New York.

Et il proposera aussi certaines pistes qui permettraient au Canada de redorer son blason à l'étranger et d'envisager de soumettre de nouveau sa candidature d'ici quelques années.

Depuis la création de l'ONU, le Canada avait toujours réussi à décrocher un siège au Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans chaque décennie. C'est donc la première fois que le Canada essuie un tel échec diplomatique depuis 1948. La dernière fois que le Canada a obtenu un siège remonte à 1998-2000.

Le gouvernement Harper a accusé Michael Ignatieff d'être responsable de cette défaite humiliante parce que le chef libéral a dit douter que le Canada méritait ce siège à cause des politiques controversées adoptées par les conservateurs, notamment en ce qui a trait aux changements climatiques, au respect des droits de la personne et à la réduction de l'aide internationale aux pays de l'Afrique.

Le premier ministre Stephen Harper a aussi fait valoir que le Canada avait été écarté parce qu'il avait choisi «de respecter ses principes» dans certains dossiers, notamment en ce qui concerne le Proche-Orient.

Les libéraux jugent pour le moins «troublant» que le gouvernement Harper refuse de faire l'examen de conscience qui s'impose dans la foulée de cette défaite.

«Les appuis que nous étions censés avoir ne se sont pas matérialisés lors du vote. Nous avons perdu des amis en cours de route. Il faut faire un examen des causes de cet échec de la diplomatie canadienne. Mais il semble qu'on ne peut pas demander à ce gouvernement de faire cet examen sérieux parce qu'il ne semble pas croire que c'est un échec. Tout cela est fort troublant», a affirmé hier un stratège libéral sous le couvert de l'anonymat.

«La réputation du Canada a souffert de ce recul. Il faut prendre note des résultats du vote au Conseil de sécurité. Il y a du travail à faire pour retrouver cette influence que nous avons perdue. Ce n'est pas demain que nous aurons l'occasion de nous représenter au Conseil de sécurité. Mais c'est un travail de longue haleine», a ajouté ce stratège.

Il a affirmé que M. Ignatieff ne versera pas dans l'«esprit partisan crasse» dans son discours, qu'il ne «cherchera pas de coupables». Mais il fera le bilan de la politique étrangère du gouvernement conservateur de Stephen Harper depuis son arrivée au pouvoir en 2006.

«Comment veut-on gouverner et tenter d'influencer le monde si on n'admet même pas que le Canada a essuyé un échec à l'ONU?» a-t-il encore dit.