Aux prises avec un déficit record de 56 milliards de dollars en 2009-2010, le gouvernement Harper prêche l'austérité budgétaire depuis deux ans. Mais il semble que certains échappent à cette austérité - le bureau du premier ministre le premier.

Le budget de fonctionnement du cabinet de Stephen Harper a augmenté de 30% en deux ans. Il est passé de 7,5 millions de dollars en 2007-2008 à 9,89 millions en 2009-2010, révèlent les comptes publics produits cette semaine à la Chambre des communes.

De cette somme, 8,8 millions ont servi à payer les salaires des employés du bureau du premier ministre; près de 700 000$ ont été consacrés aux transports et aux communications; et 230 365$ ont été utilisés pour payer des «services professionnels».

Cette hausse des dépenses a fait bondir les partis de l'opposition à la Chambre des communes, hier. À tour de rôle, le Parti libéral et le Bloc québécois ont accusé les conservateurs «d'hypocrisie» et de gaspiller l'argent des contribuables.

«Les Canadiens ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Le seul Canadien qui ne montre aucun intérêt à limiter ses dépenses est le premier ministre. Quand les conservateurs qui empruntent et dépensent comme si de rien n'était vont-ils démontrer un peu de respect pour les contribuables», a clamé hier le député libéral Scott Brison durant la période des questions.

«Au moment où le gouvernement s'apprête à faire des coupes pour éliminer un déficit record de 56 milliards de dollars, les conservateurs devraient réviser leurs priorités. Car, en plus d'épargner le bureau du premier ministre, le gouvernement continue de protéger les privilégiés et les pétrolières en maintenant des avantages fiscaux et des subventions inéquitables. Avant d'exiger plus de sacrifices de la population, n'est-il pas temps que le premier ministre et les privilégiés fassent leur part?» a lancé le député bloquiste Mario Laframboise.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a rétorqué que 2010 avait été «une année exceptionnelle» parce que le Canada a été l'hôte de deux sommets internationaux, le G8 et le G20, et que M. Harper avait fait plusieurs voyages à l'étranger à titre de président de ces deux rencontres.

Le ministre a aussi indiqué que M. Harper avait fait plus de déplacements au pays afin d'expliquer aux Canadiens les mesures destinées à soutenir l'économie.

«Le premier ministre s'est engagé à rencontrer ses collègues à l'occasion de la présidence du G8. Il est allé en Chine. Il y avait le G20. Il y a un certain nombre de gestes qui ont été posés par ce gouvernement et qui font qu'on a aujourd'hui des résultats. Les dernières statistiques du produit intérieur brut le prouvent. On a augmenté de 420 000 emplois depuis les 11 derniers mois. Ce sont des résultats», a dit M. Cannon.

De la «propagande»

Le Bloc québécois, de son côté, estime que les conservateurs ont plutôt utilisé l'argent des contribuables à des fins partisanes.

«Au lieu de faire de la science-fiction politique, le ministre devrait constater les gaspillages conservateurs. Cette explosion de dépenses au bureau du premier ministre s'explique d'abord par un accroissement des dépenses en communication. En d'autres termes, au lieu d'aider les personnes et les régions du Québec qui sont en difficulté, on a préféré investir dans la propagande et le contrôle de l'information», a dit le bloquiste Pierre Paquette.