Un gouvernement libéral annulerait le contrat d'achat de plusieurs milliards de dollars des chasseurs furtifs F-35, attribué sans appel d'offres à Lockheed-Martin pour remplacer la flotte vieillissante des avions CF-18, a annoncé mercredi Michael Ignatieff.

Le chef libéral a affirmé qu'il procéderait à un appel d'offres auprès d'autres avionneurs pour trouver la société offrant la solution de remplacement la plus économique.

Toutefois, des membres du parti ont par la suite ajouté qu'un gouvernement ayant à sa tête Michael Ignatieff ne serait pas pressé d'acheter de nouveaux chasseurs. Ils affirment que cet achat militaire important ne représenterait pas une priorité pour le chef alors que les livres comptables du gouvernement continuent d'afficher des déficits.

Depuis des mois, M. Ignatieff laisse entendre qu'un gouvernement libéral annulerait le contrat de 65 chasseurs F-35 Lightning II du géant américain Lockheed-Martin d'une valeur oscillant entre 14 et 16 milliards de dollars, une somme qui inclut l'entretien à long terme.

Mais mercredi, le chef libéral a indiqué que le rapport de la vérificatrice générale sur le fiasco entourant le renouvellement de la flotte d'hélicoptères, déposé mardi, constituait un signal d'alarme pour les parlementaires.

«Nous avons tout simplement pensé, «attendez une minute, c'est hors de contrôle», a affirmé le chef libéral, ajoutant que ce seront les contribuables canadiens qui seront escroqués si l'on se fie à ce qui est arrivé dans l'histoire de l'achat des hélicoptères.

Toutefois, le premier ministre Stephen Harper a accusé son rival de vouloir mettre en péril la vie des membres des forces aériennes et des emplois dans l'industrie aéronautique du pays.

«Laissez-moi vous parler des responsabilités que nous avons», a répliqué M. Harper devant la Chambre des communes.

«Nous avons la responsabilité de remplacer les avions de chasse, et non celle de faire de la politique pouvant affecter les vies de nos hommes et femmes en uniforme. Nous avons la responsabilité... de nous assurer de protéger les gens, les hommes et les femmes, qui travaillent dans cette industrie (aéronautique) contre le comportement irresponsable de ce leader de l'opposition», a lancé M. Harper.

De plus, le premier ministre a affirmé que c'était de la faute aux libéraux si le processus de l'achat des hélicoptères avait été si troublé. Selon M. Harper, les problèmes ont commencé lorsque le gouvernement Chrétien a décidé, en 1993, de laisser tomber le contrat du précédent gouvernement conservateur pour acheter des hélicoptères EH-101 afin de remplacer la flotte des Sea King.

Le gouvernement Chrétien a déboursé 500 millions de dollars en frais d'annulation. Selon M. Harper, les gouvernements suivants ont subi les conséquences de cette décision.

Mardi, la vérificatrice générale a blâmé sévèrement les deux ministères responsables de l'achat de nouveaux hélicoptères militaires, qui ont enfreint les règles gouvernementales et malmené un processus qui a engendré des dépassements de coûts ainsi que des retards.

Autant pour l'achat d'hélicoptères Cyclone que pour les appareils de modèle Chinook, la Défense nationale et les Travaux publics n'ont pas respecté leurs propres règles en matière de gestion et de surveillance de grands projets, a-t-elle écrit dans son plus récent rapport.

Selon M. Ignatieff, les problèmes soulevés par la vérificatrice générale sont tous survenus alors que M. Harper était au pouvoir. Il a d'ailleurs résumé l'affaire en employant une métaphore.

«Ils sont partis pour acheter une Chevrolet et sont revenus avec une Ferrari et ils n'ont toujours pas les clés de la Ferrari», a illustré M. Ignatieff.

«C'est une histoire incroyable d'incompétence et nous devons en tirer des leçons», a-t-il également noté.

Ainsi, M. Ignatieff a soutenu qu'un gouvernement libéral procéderait à une étude afin de savoir si le pays a réellement besoin de chasseurs de ce type ou si d'autres avions feraient l'affaire. Il a admis qu'il ne pouvait pas garantir si un appel d'offres ferait en sorte que l'on trouverait des avions moins dispendieux mais que c'était le seul moyen de le savoir.

Le gouvernement fédéral affirme qu'il n'existe aucun autre avion de combat similaire.