Six mois après l'assaut israélien contre une flottille humanitaire qui a fait neuf morts au mois de mai dernier, un groupe canadien, Bateau pour Gaza, forme le projet d'envoyer un navire vers Gaza au printemps prochain.

Le groupe a jusqu'ici amassé 100 000$, dont 90% proviennent de dons personnels de moins de 5000$. La campagne a un objectif de 300 000$. Le Syndicat des travailleurs des Postes y contribue afin que des lettres soient livrées à Gaza, qui ne peut en recevoir en provenance du Canada depuis le début de l'année. Le navire, qui transportera entre 25 et 40 passagers, fera partie d'une flottille internationale regroupant une demi-douzaine de pays européens.

«Nous allons affréter le navire avec un pavillon canadien», explique l'un des organisateurs, Ehab Lotayef, ingénieur montréalais qui s'est rendu deux fois à Gaza depuis la fin de 2008. «Comme cela, le Canada sera obligé de nous défendre contre la piraterie que constitue un abordage israélien en eaux internationales. Nous voulons susciter un débat sur l'appui canadien à Israël.»

Le groupe affirme que des «observateurs internationaux» inspecteront la cargaison du navire avant son départ - probablement de Grèce ou de Turquie. Il considère que toute tentative israélienne de stopper le navire constituera de la «piraterie» mais précise qu'il n'y opposera qu'une «résistance passive». M. Lotayef assure que tout sera fait pour éviter une effusion de sang.

«Nous cherchons un groupe médiatique ou humanitaire neutre prêt à inspecter notre navire avant son départ», a-t-il dit. La cargaison sera entièrement payée par des fonds canadiens.

Au mois de mai dernier, Israël a abordé le Mavi Marmara, affrété par le groupe humanitaire turc IHH, qu'un rapport danois avait associé à des activités terroristes. L'intervention d'Israël avait été condamnée par une commission d'enquête turque et par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.

Une commission israélienne avait pour sa part retenu les témoignages selon lesquels les passagers du Mavi Marmara avaient tiré les premiers. Une seconde commission israélienne et une commission de l'ONU codirigée par l'ex-président colombien Alvaro Uribe continuent d'enquêter.

M. Lotayef assure qu'IHH ne jouera aucun rôle dans la cargaison ou l'itinéraire du navire canadien. Considère-t-il que des leçons doivent être tirées de la tragédie du Mavi Marmara? «C'est difficile à dire parce que presque toutes les vidéos et les photos ont été confisquées par Israël, dit M. Lotayef. Ce dont nous sommes sûrs, c'est que la résistance sera passive, quoi qu'il arrive.»