À la veille d'un vote aux Communes sur un projet de loi visant à garantir l'accès au logement abordable, des groupes sociaux, dont le FRAPRU, ont manifesté sur la Colline parlementaire afin d'appeler les députés à l'appuyer.

Car si les élus fédéraux adoptaient la proposition, le droit au logement serait pour la première fois inclus dans une loi canadienne, a argué François Saillant, coordonnateur du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

«Pour la première fois, dans une loi canadienne, le droit au logement serait formellement reconnu. Pour la première fois, le gouvernement fédéral se verrait imposer des obligations d'agir dans le sens du respect de ce droit au logement», a-t-il souligné.

M. Saillant avait donc fait le voyage jusqu'à Ottawa, mardi, pour implorer une dernière fois les députés québécois à appuyer le projet de loi C-304.

Les députés doivent se prononcer mercredi après-midi sur le projet de loi déposé par la néo-démocrate Libby Davies, «visant à assurer aux Canadiens un logement sûr, adéquat, accessible et abordable».

Le Parti conservateur et le Bloc québécois ont cependant indiqué qu'ils n'appuieraient pas la proposition. Le Bloc insiste notamment pour que le libellé reconnaisse la spécificité du Québec et sa juridiction en matière d'habitation.

M. Saillant a cependant rétorqué que le Bloc québécois se devait d'entendre les nombreux groupes sociaux de la province qui ont réclamé l'adoption du projet de loi C-304, citant au passage des comités de logement, des groupes de femmes et la Ligue des droits et libertés.

«Ça fait beaucoup de voix. Et comme on nous dit que le Bloc est à l'écoute de la voix du Québec, bien je pense que la voix du Québec elle se fait entendre en ce moment», a lancé M. Saillant, en point de presse avant de prendre part à une manifestation.

Au cours des discussions qu'il a tenues avec le parti, M. Saillant se serait fait assurer que les bloquistes continuaient les pourparlers afin d'améliorer la proposition d'initiative parlementaire. Le coordonnateur du FRAPRU devait d'ailleurs rencontrer deux députés bloquistes, mardi après-midi, afin de discuter du dossier. Il n'a cependant pas pu rejoindre les députés conservateurs québécois.

À 24 heures d'un vote pour déterminer la suite des choses, le militant s'est néanmoins dit optimiste d'obtenir l'appui du Bloc québécois à la proposition du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Et l'instigatrice du projet de loi, Mme Davies, était du même avis, affirmant que les appuis importants partout au pays lui donnaient toujours espoir d'obtenir les votes de ses collègues aux Communes.

«Il est scandaleux que dans un pays bien nanti comme le Canada, nous avons encore 3 millions de Canadiens qui vivent dans la précarité, qui paient trop d'argent (pour leur logement), qui n'ont pas de refuge adéquat ou sécuritaire», a déploré la députée néo-démocrate de Vancouver, devant les manifestants réunis sur la colline parlementaire.

M. Saillant et Mme Davies étaient accompagnés de représentants de l'Association nationale d'habitation autochtone, de l'Alliance pour mettre un terme à l'itinérance d'Ottawa ainsi que de la «Pivot Legal Society» de Vancouver.

Quelques dizaines de manifestants ont marché dans les rues de la capitale fédérale, mardi midi, munis d'une centaine de tentes rouges et scandant qu'ils réclamaient le droit au logement abordable.

Mercredi après-midi, la Chambre des communes doit décider si le projet de loi C-304 passe en troisième lecture.