Comme promis pour justifier sa position dans le débat du registre des armes d'épaule, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a déposé un projet de loi visant à assurer sa survie, vendredi. Mais si les néo-démocrates se targuent de tout faire pour régler le dossier une fois pour toute, leurs opposants les accusent de simplement tenter de réparer les pots cassés.

Car le projet de loi d'initiative parlementaire, présenté par le député ontarien Charlie Angus, figure au 172e rang des priorités de la Chambre des communes.

Et ni les conservateurs, ni les libéraux ne semblent enclins à l'appuyer. Les troupes de Stephen Harper ont à maintes reprises martelé qu'ils n'accepteraient pas de compromis, car ils veulent l'abolition pure et simple du registre.

Du côté du Bloc québécois, l'appui n'est pas non plus garanti puisqu'on indique qu'il faudra que toutes les mesures proposées permettent de renforcer le registre et non de l'affaiblir.

«L'idée qu'on va arriver à ce projet de loi d'ici à la fin de (cette session du) Parlement n'est pas du tout réaliste. Et c'est une stratégie que le NPD lance pour essayer de réparer le dommage qui a été fait à leur base, à leurs militants, parce qu'ils ont mal jugé le registre des armes à feu, la question des votes et la question de liberté de vote. Et c'est trop peu trop tard», a scandé le libéral, David McGuinty, à sa sortie des Communes.

«C'est de la poudre au yeux. Le NPD a failli nous faire perdre le vote sur le registre (...) on a gagné avec deux votes. Pourquoi ils ne l'ont pas donné à un député qui serait plus proche de passer le projet de loi?», a pour sa part dénoncé la bloquiste Maria Mourani, en entrevue téléphonique.

Le registre des armes d'épaule a survécu à un vote extrêmement serré, fin septembre, alors que les députés fédéraux ont mis de côté un projet de loi conservateur visant son abolition, à 153 voix contre 151.

Le leader néo-démocrate Jack Layton avait laissé libre choix à ses députés, dont une vingtaine avait appuyé le projet de loi conservateur lors d'un vote précédant, l'automne dernier.

M. Layton avait cependant convaincu suffisamment de ses membres de s'opposer cette fois-ci à l'initiative conservatrice en leur promettant de présenter à son tour un projet de loi permettant la survie du registre tout en répondant aux critiques. Ce qu'il a fait, vendredi, par l'entremise de son député Charlie Angus - qui s'opposait au registre des armes d'épaule jusqu'au mois dernier.

Mais de l'avis de ses opposants, si M. Layton avait voulu sauver le registre, il aurait dû agir avant, au moment où le débat faisait rage aux Communes.

M. Angus a néanmoins défendu son parti en soutenant que son initiative visait à trouver un compromis entre préoccupations rurales et urbaines et que le NPD était prêt à laisser quiconque souhaiterait reprendre le projet de loi plus rapidement le faire, si cela permet de faire avancer la proposition à la Chambre. Le néo-démocrate semblait cependant ignorer qu'un projet de loi ne peut pas être partagé entre partis avant d'avoir été débattu.

«Ottawa est une bulle (...) Pour nous c'est une question sérieuse. Nous représentons les Canadiens ruraux qui ont eu des problèmes légitimes tous les ans et qui ont été traités comme s'ils étaient des fous des armes à feu et qui en ont marre», a argué M. Angus, qui représente un comté du nord de l'Ontario.

Le projet de loi de M. Angus décriminaliserait un premier manquement à l'obligation d'enregistrer une arme d'épaule - selon le parti, qui n'était pas en mesure de fournir un exemplaire du libellé de sa propre proposition aux médias vendredi. Cette première infraction au registre engendrerait une simple contravention.

La proposition du NPD viserait également à assurer que l'enregistrement demeure gratuit, et à protéger les renseignements privés qui permettent d'identifier les propriétaires d'armes, tout en permettant à l'armée ou à la police de partager ces informations quant aux demandeurs de permis de façon confidentielle.

Le NPD souhaite également que la vérificatrice générale publie un rapport public annuel sur les coûts du registre pendant cinq ans, afin de répondre aux critiques des conservateurs qui plaident que le registre national est inefficace et coûte trop cher aux contribuables canadiens.