Le Parti libéral du Canada a fait descendre d'un cran, hier, la pression en comité parlementaire au sujet de la comparution d'adjoints ministériels. Les autres partis de l'opposition accusent les libéraux d'avoir plié l'échine devant les troupes de Stephen Harper. Mais au PLC, on se défend en disant que le geste était nécessaire pour éviter une crise parlementaire.

Au printemps dernier, le refus d'Ottawa de laisser ses adjoints témoigner devant des comités avait causé un affrontement de taille entre les troupes de Stephen Harper et les partis de l'opposition. Le gouvernement Harper avait menacé d'en faire une question de confiance susceptible de provoquer des élections. Les partis de l'opposition, de leur côté, menaçaient de référer l'affaire au président de la Chambre des communes - une procédure qui a, il y a une centaine d'années, entraîné l'emprisonnement d'un Montréalais qui avait refusé de témoigner.

Plusieurs s'attendaient à ce que ce dossier redevienne explosif, après un été calme. Or, hier, les membres libéraux du comité de l'éthique et de l'information se sont abstenus de voter sur une motion du NPD, ce qui a permis aux membres conservateurs de la défaire.

Cette motion visait à référer le dossier au président de la Chambre des communes pour qu'il décide s'il y avait eu un bris du privilège parlementaire des membres du comité.

Il y a quelques mois, le comité de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique avait convoqué par assignation à comparaître trois adjoints ministériels, dont le directeur des communications du premier ministre Harper, Dimitri Soudas, afin qu'ils témoignent au sujet d'allégations d'obstruction dans des demandes d'accès à l'information.

Une seconde motion

Or, en plus de s'abstenir sur la motion néo-démocrate, hier, les libéraux ont présenté une autre motion dans un autre comité, celui de la Procédure et des affaires de la Chambre. Beaucoup plus large, cette motion propose d'étudier «la question de la comparution du personnel exonéré et le personnel des secrétaires parlementaires en tant que témoin devant les comités parlementaires».

Cette deuxième motion a été adoptée et les membres du comité de la procédure devront faire rapport que 31 mars.

Mais selon le NPD et le Bloc québécois, c'est là une preuve que le Parti libéral tente de se défiler de cet affrontement corsé, principalement pour éviter des élections à l'automne.

«En disant qu'ils veulent faire une étude sur des lignes directrices déjà connues, ça montre qu'ils veulent tuer la question de privilège qu'on est en train de construire avec le NPD au comité de l'éthique», a dénoncé le député bloquiste Pierre Paquette.

Mais cela établit un grave précédent en matière de pouvoirs du Parlement, a déploré l'auteur de la motion néo-démocrate, Bill Siksay.

«Ce qu'ils ont fait, c'est qu'ils ont cédé devant le gouvernement et ils lui ont permis de s'en tirer en disant à un comité permanent du Parlement qui ils peuvent entendre et qui ils ne peuvent pas entendre.»

Au Parti libéral, on s'est défendu en disant que le geste était nécessaire pour calmer les esprits, éviter une crise parlementaire et faire fonctionner le Parlement pour s'attarder aux enjeux qui sont vraiment importants aux yeux des Canadiens.

«Au lieu de poursuivre un jeu franchement mesquin, que le NPD et le Bloc voulaient poursuivre, nous voulons faire fonctionner le Parlement de façon sérieuse», a expliqué le leader parlementaire de l'opposition officielle, David McGuinty.