À l'approche de l'énoncé économique de l'automne, des députés de l'opposition se préparent à des élections, au cas où il contiendrait une «pilule empoisonnée». Mais le gouvernement Harper affirme qu'il n'en est pas question.

«L'énoncé économique fera les projections fiscales au cours des prochaines années avec des données mises à jour, a confié une source gouvernementale. Ce sera similaire à l'an dernier.»

Selon cette source bien au fait du dossier, il n'est pas question d'inclure dans cet exercice prébudgétaire des éléments qui seraient à ce point inacceptables pour les partis de l'opposition qu'ils devraient déclencher des élections.

En 2008, par exemple, l'énoncé budgétaire contenait des mesures pour mettre fin au financement public des partis politiques. La grogne des partis de l'opposition qui avait suivi avait mené à la formation d'une coalition pour tenter de déloger le gouvernement.

Cette année, l'énoncé doit avoir lieu d'ici la fin du mois d'octobre. Mais s'il n'inclut aucune nouvelle mesure budgétaire, il risque de ne même pas faire l'objet d'un vote de confiance.

Le premier ministre Stephen Harper et le chef de l'opposition officielle, Michael Ignatieff, ont beau répéter sur toutes les tribunes qu'ils ne souhaitent pas d'élections à l'automne, certains croient encore la chose possible - et ils se préparent en conséquence.

«Je suis de ceux qui croient qu'il pourrait y avoir des élections à l'automne», lance d'emblée Alexandra Mendes, députée libérale de Brossard-La Prairie.

En novembre ou décembre

Celle qui a remporté ses élections à la suite d'un dépouillement judiciaire, en 2008, a même une date en tête, ou plutôt deux dates: le 29 novembre ou le 6 décembre. Elle a même commencé à chercher un local électoral.

«On subit des provocations constantes en Chambre, dit-elle. J'ai le pressentiment que les conservateurs ne veulent que provoquer des élections.»

Tous les députés ne sont pas du même avis. Le chef adjoint du NPD, Thomas Mulcair, fait valoir que des élections hivernales ne sont jamais populaires chez les politiciens, que les sondages ne sont pas encourageants pour les troupes de Stephen Harper et qu'en général, lorsqu'une élection se prépare, on peut voir certains indices. Mais «je ne vois rien sur le terrain», dit le député d'Outremont.

Selon M. Mulcair, des élections automnales seraient beaucoup plus plausibles. D'autant plus que l'automne prochain, des élections provinciales doivent obligatoirement avoir lieu dans certaines provinces, dont l'Ontario et le Manitoba.

Ce qui n'empêche pas l'ancien ministre québécois de l'Environnement d'être prêt, si une campagne était déclenchée. «Nos bénévoles sont fin prêts, nos documents sont rédigés et surtout, j'ai déjà mon quartier général pour les élections», a-t-il indiqué.

Si des élections générales n'étaient pas déclenchées cet automne, certains électeurs devraient néanmoins se rendre aux urnes. Le premier ministre Harper doit déclencher des élections partielles dans au moins une circonscription d'ici la fin d'octobre: celle de Winnipeg North, où la néo-démocrate Judy Wasylycia-Leis a démissionné de son poste de député pour briguer le poste de maire.

Au moins deux autres élections partielles pourraient avoir lieu bientôt dont une dans la circonscription ontarienne de Vaughan. Le Toronto Star a rapporté hier que l'ancien commissaire de la Police provinciale de l'Ontario, Julian Fantino, s'y présentera sous la bannière conservatrice.