Loin de s'estomper, la grogne de l'opposition contre le ministre Christian Paradis s'accentue, alors que se multiplient les allégations d'ingérence d'employés de son bureau dans des demandes d'accès à l'information.

Le Bloc québécois et le Parti libéral ont de nouveau réclamé la démission du ministre des Ressources naturelles, hier, alors que des documents déposés au comité de l'éthique semblent indiquer que deux autres employés du bureau de M.Paradis seraient intervenus dans des demandes d'accès à l'information, ce qui pourrait s'avérer contraire à la loi.

Jeudi dernier, un premier adjoint du ministre, Sébastien Togneri, a remis sa démission après que La Presse Canadienne eut révélé qu'il était intervenu à plusieurs reprises dans la divulgation de renseignements en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Or, les échanges de courriels remis au comité révèlent que M.Togneri a référé certains des dossiers d'accès à deux de ses collègues, Marc Toupin et Jillian Andrews.

«On se rend compte de plus en plus que son adjoint bouc émissaire démissionnaire Togneri n'agissait pas seul», a lancé en chambre le député libéral de Bourassa, Denis Coderre.

«Ou le ministre supervisait cette opération de dissimulation d'informations, ou bien il l'a laissée se produire par aveuglement», a renchéri son collègue, le député Wayne Easter.

Même son de cloche du côté du Bloc québécois. «Comment le ministre des Ressources naturelles peut-il avoir le culot de nous dire qu'il ne savait rien d'un système rodé et organisé par trois proches collaborateurs et qui visait à avoir un contrôle sur les demandes d'accès à l'information?» s'est interrogé le chef bloquiste, Gilles Duceppe.

Le premier ministre Stephen Harper s'est pour la première fois levé en Chambre pour défendre son ministre, aussi lieutenant conservateur pour le Québec. «Le ministre est responsable de ses employés. Pour cette raison, il a accepté la démission de cet employé», a souligné M.Harper, en parlant de M.Togneri. Le ministre Paradis, a-t-il ajouté, collabore avec la commissaire à l'information, qui enquête actuellement sur le dossier.

Nouvelle directive

À la fin mai, le premier ministre avait instauré une nouvelle directive selon laquelle les employés des cabinets n'iraient plus comparaître devant les comités de la Chambre des communes et seraient plutôt remplacés par leurs ministres respectifs, suivant le principe de la responsabilité ministérielle.

Hier, le leader du gouvernement en Chambre, John Baird, qui a été le porte-étendard au printemps de la nouvelle directive gouvernementale, - se présentant lui-même en comité à la place des employés convoqués -, a défendu le bilan des conservateurs en matière d'accès à l'information.

«C'est notre gouvernement qui s'est battu pour étendre la portée de la loi sur l'accès à l'information, a souligné M.Baird. Nous nous sommes battus pour amener de la lumière là où il y avait de la noirceur.»

Un argument que le chef adjoint du NPD, Thomas Mulcair, a rejeté catégoriquement. «D'une manière générale, l'idée c'est que le public a accès à certaines informations, a dit M.Mulcair. Or, depuis qu'ils sont arrivés au pouvoir, soyons clairs, les conservateurs ont politisé quelque chose qui était censé être à distance du gouvernement lui-même. C'est scandaleux.»

Selon John Baird, bombardé de questions en Chambre, le ministre Paradis «a fait ce qu'il fallait» en acceptant la démission de Sébastien Togneri et en transférant le dossier à la commissaire à l'information.