Il existe des mécanismes permettant à des gens d'affaires canadiens d'occuper temporairement des postes au sein de la haute fonction publique, a estimé la commissaire à l'éthique de la Chambre des communes.

Nigel Wright, de la société Onex, devrait bientôt devenir chef de cabinet du premier ministre Stephen Harper.

Certains reportages laissent croire qu'il retournera diriger la société de portefeuilles après un séjour de 18 mois dans les arcanes du pouvoir. Un porte-parole du premier ministre a confirmé mardi que M. Wright est présentement en congé sans solde, mais qu'aucune date n'avait été fixée pour son retour au secteur privé.

Les partis d'opposition dénoncent le fait que M. Wright pourrait se mettre en situation de conflits d'intérêts en raison des multiples activités de son entreprise, particulièrement dans le secteur de l'industrie aérospatiale. Des documents publics indiquent également que Nigel Wright est un actionnaire important au sein d'entreprises allant de Cineplex Galaxy à Indigo Books and Music.

«Devons-nous croire que M. Wright, le chef de cabinet temporaire du premier ministre, prêté par Onex, n'aura rien à voir avec tout dossier lié à cette société, plus grand employeur du secteur privé au pays?», a demandé la députée libérale Siobhan Coady. «Si le gouvernement est si sûr qu'il n'y a rien à craindre, et qu'il n'a rien à cacher, pourquoi ne rend-t-il pas publics tous les détails?»

Mais la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, Mary Dawson, a précisé mardi qu'une telle nomination temporaire est certes rare, mais ne constitue pas un précédent. Selon elle, des mesures peuvent être mises en place pour s'assurer que Nigel Wright ne prendrait part à aucune discussion ou décision concernant les sujets qui pourraient le placer en situation de conflit d'intérêts.

«Il est bien d'embaucher des gens qui sont compétents dans le domaine gouvernemental ou des activités qui y sont liées», a-t-elle déclaré aux journalistes à la suite de son témoignage devant un comité des Communes. «Ce n'est pas un problème, du moment que certaines conditions sont respectées.»

Mme Dawson révise actuellement avec le principal intéressé le curriculum vitae et les investissements de M. Wright, mais rappelle qu'il n'a pas encore été officiellement embauché.

Les différentes déclarations de M. Wright seront colligées en un sommaire et rendues publiques. La commissaire Dawson a indiqué qu'elle est de plus en plus portée à ajouter des détails à ce sommaire lorsqu'il y a davantage d'intérêt pour le public. Elle a noté qu'une clause de la Loi sur les conflits d'intérêts gérait les interactions avec le secteur privé, une fois qu'un individu a quitté la fonction publique.

«Dans ce genre de situations, nous serions particulièrement vigilants pour aider cette personne à éviter de devoir faire affaire avec une personne avec qui elle désirerait travailler ensuite», a-t-elle expliqué.

Le leader du gouvernement en Chambre, John Baird, a critiqué l'opposition pour ses attaques sur le nouvel emploi de M. Wright, citant les gens bien connus du milieu des affaires qui ont oeuvré au sein du dernier gouvernement libéral, comme Paul Martin ou Belinda Stronach.