Le projet de loi du Bloc québécois pour bonifier l'assurance-emploi sera, selon toute vraisemblance, relégué aux oubliettes.

Et pour bien s'assurer que ce sera bel et bien la fin du projet C-308, les conservateurs ont fait une sortie sans équivoque mercredi midi.

Qualifiant le projet d'«irresponsable» et d'«inacceptable», la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a souligné à grands traits que si le projet de loi voit le jour, il en coûtera sept milliards de plus par année aux contribuables canadiens. Et que cela nécessitera une augmentation «massive» des primes d'assurance-emploi des travailleurs de 35%.

«Cela va à l'encontre des objectifs du gouvernement, de l'ensemble de l'économie canadienne. Ça va être contre-productif, des dires de plusieurs employeurs», a précisé le ministre d'État de l'Agence de développement économique du Canada pour le Québec, Denis Lebel.

«Pour nous, c'est de remettre les gens au travail qui est notre priorité», a-t-il ajouté.

Même si le gouvernement avait laissé entendre qu'il allait augmenter lui aussi les primes d'assurance-emploi en janvier, Mme Finley a refusé de confirmer, mercredi, si cela sera effectivement le cas.

Les députés fédéraux devront voter mercredi après-midi sur un rapport au sujet du projet de loi. S'il est favorable, C-308 pourrait cheminer jusqu'en troisième lecture.

Mais ce résultat apparaît peu probable.

Même si le chef libéral Michael Ignatieff a indiqué mercredi que les députés de son caucus pourront voter comme bon il leur semble, ils risquent fort de ne pas appuyer C-308, vu les propos que leur chef a tenus mercredi.

«Un projet mort, qui ne va nulle part», a répété M. Ignatieff au sortir de son caucus.

«Ce projet n'est pas responsable de façon fiscale», a indiqué le chef libéral pour justifier sa position.

Alors qu'il avait déjà appuyé des tentatives de bonification de l'assurance-emploi, allant même jusqu'à menacer de déclencher une élection à ce sujet, M. Ignatieff a tenu à expliquer sa volte-face.

«On me reproche qu'il y a des choses que nous avons appuyées quand nous étions en crise économique, avec un taux de chômage beaucoup plus élevé. La situation a changé», a-t-il conclu.

On s'attend par contre à ce qu'une majorité des députés néo-démocrates appuient le projet du Bloc.

Mais même si un nombre suffisant de députés votent en sa faveur, le projet n'ira pas plus loin.

Puisqu'il s'agit d'un projet de loi qui entraînerait des dépenses de l'État, il doit être recommandé par un ministre. Sans cette recommandation  - peu probable vu l'opposition évidente du gouvernement - le projet sera rayé du feuilleton.

Le projet C-308 du Bloc vise à ramener de 420 à 360 le seuil d'heures travaillées pour avoir accès aux prestations d'assurance-emploi. Il veut notamment éliminer le délai de carence de deux semaines et hausser les prestations des travailleurs de 55 à 60% du salaire gagné.

Selon le Bloc, les mesures qu'ils proposent ont été identifiées comme prioritaires par les groupes qui travaillent auprès des chômeurs.